Printed 31.03.2023 18:53 18-05-2016 Pierre Meignan
Malgré des protestations récurrentes, une grande exploitation porcine est
toujours située à proximité de l’ancien camp d’internement destiné
aux Roms de Lety, en Bohême du Sud, en activité durant la Seconde Guerre
mondiale. Les organisations qui militent pour la fermeture de cette
porcherie ont peut-être trouvé la parade : ils demandent à l’Union
européenne de cesser de subventionner la ferme qui symboliserait le peu de
considération des autorités tchèques pour la mémoire rom.
Le 13 mai dernier, une cérémonie de commémoration des victimes roms de l’Allemagne nazie était organisée au mémorial de Lety. C’est dans cette petite commune non loin de la ville de Písek que fut ouvert en 1940 un camp de travail, dont la construction avait été décidé par le gouvernement tchécoslovaque un an auparavant, et d’abord destiné à des personnes considérées comme « asociales ». A partir de 1942 et jusqu’au mois de mai 1943, à l’instar du camp de Hodonín en Moravie, il devient camp de concentration pour les Roms, qui sont plus de 1300, des hommes, des femmes et des enfants, à y être enfermés. 326 d’entre eux y trouvent la mort et plus de 540 sont transférés vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Au total, environ 90% de la population rom de Bohême et de Moravie fut victime du système d’extermination nazi. Sans égard à une quelconque question mémorielle, c’est pourtant cet emplacement de Lety qui est choisi en 1973 pour accueillir une importante exploitation porcine, ferme qui loin de disparaître suite à la chute du régime communiste, passe entre des mains privées.
« C’est une grande honte pour la République tchèque et pour la nation tchèque. Je pense qu’il serait temps que la conscience des Tchèques se réveille parce que la garnison de ce camp était tchèque, que ce camp est né à l’initiative de Tchèques. Personne ne les a forcés à mettre en place ce camp. Malheureusement cette prise de conscience n’a d’une certaine façon pas fonctionné. A l’époque où je siégeais au sein de la commission gouvernementale pour les affaires liées à la communauté rom et que nous réfléchissions à la destruction ou non de la porcherie, il n’y avait malheureusement aucune volonté de la part des représentants officiels de faire la moindre chose. »
Différentes ONG ont peut-être trouvé un nouveau moyen de faire avancer les choses : lundi, dans une lettre, elles appellent l’Union européenne à cesser de verser les subventions agricoles dans bénéficie l’exploitation porcine. Miroslav Brož, de l’association Konexe, estime que sans cet argent, l’exploitation aurait tôt fait de faire faillite. Mais selon Jan Michal, le chef de la représentation de la Commission européenne en Tchéquie, c’est le gouvernement tchèque qui décide de la répartition de ces dotations… Copyright © Radio Praha, 1996 - 2003 |