Article from http://www.romove.cz Printed 04.10.2023 21:45
Rapport d’Amnesty International : en finir avec l’exclusion d’enfants roms des établissements classiques 14-01-2010 Jaroslava Gissubelova
La ségrégation des enfants roms dans leur accès à l’enseignement
continue en République tchèque : c’est ce que constate Amnesty
International dans son rapport paru le 13 janvier. A la veille des
inscriptions des enfants dans les écoles qui commencent au milieu de
janvier, Amnesty International réclame le gel de l’admission d’enfants
roms dans les écoles spéciales dispensant une instruction de qualité
inférieure.
Le rapport d’Amnesty International réagit au verdict prononcé en 2007
par la Cour européenne pour les droits de l’homme à Strasbourg. La cour
a alors estimé que la République tchèque avait fait acte de
discrimination contre des enfants roms en les plaçant dans des écoles
spéciales destinées aux élèves présentant des handicaps mentaux
légers où ils recevaient une éducation restreinte. Pour voir la
situation deux ans après, des recherches ont été menées par des
délégués d’Amnesty International dans plusieurs écoles de la région
d’Ostrava, la même où 18 mineurs roms avaient déposé la plainte. Les
délégués ont découvert que « les discriminations dont sont
systématiquement victimes les enfants roms dans le domaine de
l’éducation continuent ». Fotis Filippou, chercheur pour l’Europe
centrale et l’un des auteurs du rapport déclare encore :
« Des milliers d’enfants roms continuent à être placés dans les
écoles spéciales destinées aux enfants présentant un handicap mental
léger. Si on n’en finit pas avec la pratique de ségrégation de ces
enfants et leur exclusion des établissements classiques, on limitera
considérablement leur potentiel, leurs perspectives d’avenir et leur
possibilité de participer pleinement à la vie du pays. »
Les recherches menées par Amnesty International à Ostrava ont révélé
que les enfants roms représentent toujours plus de 80% des élèves des
écoles spéciales, appelées dorénavant écoles élémentaires pratiques.
Le ministère tchèque de l’Education est d’accord avec les
conclusions du rapport d’Amnesty International. Selon une étude qu’il
a commandée, jusqu’à 10 000 enfants pourraient fréquenter injustement
ces établissements spéciaux. Edita Stejskalová, diplômée de
politologie et auteur du projet Ensemble à l’école, a failli être
parmi eux. Menaçant de porter plainte, ses parents ont refusé les tests
qui auraient dû la placer dans une classe spéciale :
« J’aimais la langue tchèque, c’était l’une de mes disciplines
préférées. (rires) Pourtant, l’argument typique avancé pour dire que
les enfants roms ne peuvent pas intégrer des classes ordinaires est
qu’ils ne savent pas parler le tchèque. La question qui se pose est de
savoir s’ils ne parlent réellement pas le tchèque ou s’ils ne veulent
pas parler avec les autres. »
Un plan national d’insertion comprenant des mesures en vue d’offrir
des chances égales aux enfants défavorisés vient d’être adopté par
le ministère de l’Education. Klára Laurenčíková, vice-ministre
chargée des programmes sociaux :
« Ce plan est une sorte de stratégie pour voir comment procéder dans
la période à venir. En plus de cela, une série de mesures immédiates
ont été adoptées comme une méthodologie nouvelle pour les personnels
des centres pédagogiques des écoles maternelles et élémentaires. Le
document attire l’attention sur les risques d’évaluation, il interdit
de placer dans les écoles spéciales les enfants sans handicap et appelle
à prendre en compte le milieu culturel, social et linguistique des
enfants. »
Amnesty International veut aller plus loin encore : elle appelle les
autorités tchèques à imposer dans la législation la déségrégation de
l’éducation qui est selon elle le facteur principal qui permet de rompre
le cercle vicieux de la marginalisation et de la pauvreté qui fait le
quotidien d’une grande partie de la population rom.
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