L’ombudsman dénonce le taux élevé d’enfants roms dans les écoles
spéciales
Le nombre d’enfants rom dans les établissements scolaires spéciaux en
République tchèque ne correspond pas à la place qu’occupe l’ethnie
rom dans l’ensemble de la population tchèque. C’est ce qu’a
constaté l’ombudsman Pavel Varvařovský, médiateur de l’Etat
tchèque. Ce constat rouvre le débat sur cette disproportion critiquée
par la Cour européenne des droits de l’Homme qui a d’ailleurs rendu en
2007 un jugement condamnant la République tchèque pour discrimination.
Les résultats d’une enquête initiée récemment par l’ombudsman sont
évidents. Dans les écoles spéciales appelées désormais « écoles
pratiques » se trouvent actuellement 32 % à 35 % d’écoliers roms,
tandis que l’ethnie rom ne représente que 1,4 à 2,8 % de la population
de République tchèque. Les écoles spéciales devraient pourtant être
réservées aux enfants souffrant d’un léger retard mental. Selon
l’ombudsman Pavel Varvařovský ce résultat est le signe que les enfants
roms sont souvent scolarisés dans ces établissements sans raison valable.
« Il est absurde de supposer que cette ethnie produise dès le début un
tel nombre d’enfants souffrant d’un léger handicap mental. Cela veut
dire que les décisions de placer ces enfants dans ce genre d’écoles ne
sont pas justes et qu’elles concernent aussi des enfants qui n’ont rien
à y faire. Evidemment, ces enfants développent par conséquent dès la
petite enfance un certain handicap parce que sans une formation de
qualité, leurs possibilités de s’imposer plus tard sur le marché de
travail ne sont qu’hypothétiques. »
Il s’avère que les personnes responsables de la scolarisation de ces
enfants confondent le retard mental avec les problèmes réels d’enfants
vivant dans des conditions d’exclusion sociale. Les employés du bureau
de l’ombudsman ont effectué leur enquête dans 67 écoles tchèques. Au
moment de leurs visites, il y avait dans les classes 2 081 élèves dont
908 Roms. Lucie Obrovská du bureau de l’ombudsman attire l’attention
dans ce contexte sur l’attitude des écoles vis-à-vis des élèves roms
:
« Il faut dire, et c’est là où réside le problème, que dans les
établissements d’enseignement spéciaux, il y a vraiment des conditions
particulières. Ainsi par exemple le nombre d’élèves dans une classe
est sans doute très inférieur à celui dans les classes des écoles
standard. La critique devrait être orientée surtout contre les écoles
standard, soit la catégorie principale, parce que de nombreux
établissements de cette catégorie rechignent à accepter des élèves
roms. »
Selon Lucie Obrovská, l’éducation est l’alpha et l’oméga de
l’intégration sociale des Roms et c’est également un droit garanti
par la loi. Elle constate que nous contribuons aussi à créer une
génération des Roms qui ne trouveront pas de travail et ne seront que
bénéficiaires des prestations sociales. Et l’ombudsman Pavel
Varvařovský d’ajouter que ce genre de ségrégation détériore encore
davantage la situation sociale et économique des Roms, les condamne au
chômage durable et aggrave le risque des phénomènes pathologiques dans
la société et d’une tension croissante entre l’ethnie rom et la
population majoritaire.
L’ombudsman présente ainsi au gouvernement plusieurs projets de mesures
qui permettraient de mieux contrôler et réduire la scolarisation des
enfants roms dans les écoles spéciales. Il constate cependant aussi que
ce genre de ségrégation des enfants roms est malheureusement assez
souvent tolérée et même approuvée par leurs parents qui s’y sont
déjà habitués et la considèrent comme normale.
Rappelons dans ce contexte qu’il existe en République tchèque
également une assez importante catégorie d’enseignants et aussi
quelques spécialistes d’enseignement qui prennent la défense des
écoles spéciales qu’ils considèrent comme des établissements utiles
et bien adaptés aux possibilités des enfants à problèmes.
|