Juliennee (Mona) Metbach - la vie en roulotte
Les gens du voyage, la liberté sans frontière, c’est aussi Juliette Metbach
(Mona) - l’une des rares peintres manouche. Les peintures de Mona, c’est le
romantisme, la nostalgie, une simplicité d’une vie presque oubliée à
l’époque frénétique que nous vivons. Mona, une femme charismatique dont le
physique dégage un bien-être extraordinaire. Elle a passé toute sa vie en
caravane et actuellement elle voyage à travers la France avec son mari
Matéo, commerçant de métier, auquel elle a donné quatre enfants. Mona est
libre comme le vent, comme les chevaux avant que l’homme ne les
apprivoisent. La vie de Mona c’est la famille, la peinture et la route.
Mona Metbach vient d’une famille de quatorze enfants dont elle était la
dixième. Son père, qui était la tête de la famille, tenait un petit cirque
ambulant. Il était instruit et savait lire. C’est lui qui décidait du trajet
qu’allait prendre la caravane avec tous les biens de la famille. Des fois la
famille faisait jusqu’à cinquante kilomètres dans la journée. Chacun avait
son numéro qu’il présentait au spectacle. La vie se passait avec des hauts
et des bas ; le bonheur en alternative. Des fois l’argent coulait à
profusion, des fois il n’y en avait pas. Mais Mona, née le 17 septembre 1943
à Pau (Basses Pyrénées), garde de très bons souvenirs de son enfance qu’elle
chéri au fond du cœur. Elle se souvient très bien des jouets avec lesquels
elle jouait lorsqu’elle était encore une petite manouche. Même qu’elle dit
que tout lui revient plus lentement. Elle vivait en caravane, n’allais pas à
l’école et n’étais pas instruite comme les autres enfants. Elle jouait plus
sauvage, pas comme les enfants vivant dans les maisons.
« Ce qui était typique pour nous, les enfants manouches, c’était de
fabriquer des petites caravanes avec des morceaux de bois et on se mettait
dedans. On jouait les grands manouches. Sinon quand j’étais petite, je
jouais avec n’importe quoi, toute sorte de bricoles mais j’avais eu trois
poupées. J’en vais une que j’aimais plus que les autres parce qu’elle était
blonde. Je l’avais appelée « Blonda ». Je ne me souviens plus du nom des
autres poupées, mais du sien, très bien. Lorsque je partais faire mon numéro
au cirque, j’avais toujours peur que mes poupées aillent froid. Cela me
peinait de les laisser seules car pour moi, elles étaient comme des
enfants. Comme j’étais petite, je croyais que mes poupées vivaient et de
peur qu’elles prennent froid, je les couvrais».
Il n’est pas vraiment dans les coutumes des tziganes de peindre. Leur
culture c’est plutôt la musique, le chant et la danse. Mais Mona aimait le
dessin depuis toute petite. Quand elle avait le temps elle allait à
l’intérieur du cirque vide et s’amusait à dessiner avec des bouts de bois
dans la sciure de la piste du cirque. Parfois elle dessinait avec des
crayons, mais elle n’en avait pas toujours car ses parents n’étaient pas
très riches, ou alors elle allumait des allumettes, ce qui faisait un peu de
charbon de bois, et elle dessinait avec. Sauf qu’il fallait souvent allumer
et éteindre la flamme, ce qui devenait fatigant à la longue. Laissons Mona
revenir dans ses souvenirs à l’âge de ses douze, treize ans.
« Un jour j’ai acquis une gouache. Je ne sais plus comment je l’ai obtenue,
ce n’est pas important. J’étais fascinée et je me suis mis à faire de la
peinture à l’eau sur du papier et des cartons, enfin sur tout ce qui me
tombaient sous la main, sauf les toiles car elles étaient trop chères. Je
reproduisais beaucoup les visages par exemple celui de Dalida que j’aimais
beaucoup. Mais j’aimais aussi beaucoup peindre la nature, les fleurs… »
Puis son père se retrouve dans le coma après une congestion cérébrale et il
est soigné à l’hôpital de Saint-Quentin. En venant le visiter Mona s’amuse
à dessiner avec des crayons gras. La chef infirmière le remarque et parce
que les dessins lui plaisent, elle demande à Mona de lui peindre un tableau
à l’huile. Mona est d’accord car l’infirmière était très gentille,
permettant à la famille de rester à l’hôpital avec le père tant qu’ils
voulaient. Elle peint donc un tableau sur la toile que l’infirmière achète.
Mais là encore Mona ne se doute pas que la peinture sera son destin et
qu’elle deviendra artiste peintre. Jusqu’à dix-neuf ans, elle continue à se
présenter devant le public comme artiste contorsionniste et acrobate. Son
père sort du coma, mais reste paralysé deux trois ans avant de mourir.
Après son décès la famille met le feu au cirque et brûle tous les biens qui
lui appartenaient, culte ancestral des gitans.
Un jour, un marchand passa. Impressionné par les dessins de Mona, il lui
demande de lui peindre une toile. Elle peint avec les accessoires que le
marchand lui procure une toile à l’huile, sa première. Le sujet est un
Manouche jouant de la guitare près d’un feu et une caravane.
« C’était l’ancienne vie de nos parents, un passé qui n’est pas inscrit
dans les livres, de l’imaginaire, une vie qu’ils nous racontaient. Le
marchand était très satisfait et il m’a donné la boîte de peinture. Depuis
j’ai commencé à peindre et les gens ont commencé à s’intéresser à moi. Puis
lorsque je me suis mariée j’ai arrêté de peindre car j’avais bien d’autres
soucis», dit Mona.
Le bouleversement vient le jour de ses cinquante deux ans. Son mari Matéo
et ses enfants lui offre un grand paquet enveloppé de papier.
Clairvoyante, Mona en devine le contenu.
« Lorsqu’ils sont arrivés avec le paquet, je savais qu’il y avait dedans
des accessoires de peinture. Je le voyais à travers le papier, tout : les
pinceaux, la toile, les couleurs. C’était pour que je me remette à peindre
et je remercie ma famille de ce geste ».
Mona s’est remise à peindre avec passion et le succès vient rapidement.
Elle peint les motifs de la vie des manouches: les caravanes, le feu, le
soleil, les fleurs, tous ce qui est proche de la nature et qui bouge car
les gens du voyage se déplacent tout le temps.
Les maisons ne font pas vraiment partie de ses motifs parce que Mona n’a
jamais vécu dans une maison. Quand un jour elle est venue à l’école,
l’enfermé lui faisais peur, l’espace lui manquait. L’artiste ne connait
pas les peintres et ne sais pas lire, elle peint par amour des couleurs.
Actuellement, les œuvres de Mona Metbach sont exposés entre autre au
Musée de l’art Brut à Bègles en Gironde et ou mois d’avril 2008 Musée de
la culture roms à Brno a acheté trois toiles. Les expositions de Mona
Metbach sont bien programmées plusieurs mois à l’avance, elle participe à
de nombreux festivals important comme Itinérances, les festivals contre
le racisme, expose au Centre Beaubourg, se présente dans les émissions à
la télévision et à la radio. Les gens lui téléphonent, écrivent, bref on
se l’arrache.
Photo : Jana Šustová
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