Journée internationale des Roms : concerts et baptême d’un livre
Ce lundi 8 avril culminent à Prague les célébrations de la Journée
internationale des Roms. Plusieurs événements sont organisés dans la
capitale tchèque à cette occasion, notamment un concert au palais du
Rudolfinum, une soirée de gala au théâtre Archa ou encore le lancement
d’un livre présentant plus de deux cents personnalités issues de la
principale minorité en République tchèque.
Célébrée en République tchèque depuis 2001, la Journée internationale
des Roms a été instituée onze ans plus tôt lors d'un congrès de
l'Union internationale rom à Varsovie, une union qui existe depuis
1971. Si le nombre de Roms est estimé à 11 millions en Europe (et 6
millions au sein de l’Union européenne), la communauté tchèque compte,
quant à elle, plus de 240 000 membres, soit environ 2,2 % de la population
du pays selon les données publiées par le gouvernement.
Cette Journée internationale a pour objectif de mettre à l’honneur la
culture rom dans toute sa diversité, mais elle est aussi l’occasion de
débattre de la situation de la minorité rom dans le pays. Une situation
difficile, étant donné que la moitié des Roms tchèques sont victimes
d’exclusion sociale, et régulièrement critiquée par les institutions
internationales et des ONG : l’année dernière encore, le
Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a accusé la
République tchèque de discrimination de la population rom et de
ségrégation des enfants roms dans le système scolaire.
Chanteuse et musicienne Ida Kelarová participe à un concert exceptionnel
qui se déroule, ce lundi dans la salle pragoise du Rudolfinum, en
présence de plus de 300 artistes roms de plusieurs pays, de la
Philharmonie tchèque et du chœur d’enfants rom Čhavorenge. Ida
Kelarová dirige cet ensemble depuis plusieurs années. Elle y réunit des
enfants roms issus des ghettos et localités défavorisées en République
tchèque et en Slovaquie. On l’écoute :
« Pour moi, la Journée internationale des Roms est une manière de
rappeler que les Roms vivent sur le territoire tchèque depuis peut-être
700 ans, mais qu’ils n’y sont toujours pas les bienvenus. Par toutes
mes activités, j’essaie certes de faciliter l’intégration de jeunes
Roms dans la société majoritaire, mais surtout de créer des milieux où
les deux univers, celui des Roms et des non-Roms, puissent se côtoyer.
Malheureusement, il n’y a pas de place pour ce rapprochement en milieu
scolaire tchèque. »
Le lancement de l’ouvrage intitulé « Amendar » (en romani « De notre
part »), ce lundi au théâtre Archa, à Prague, constitue un autre moment
fort de la fête internationale des Roms. Le livre réunit les portraits de
254 personnalités tchèques d’origine rom, actives dans tous les
domaines de la vie publique en République tchèque. Directrice du Musée
de la culture rom de Brno, institution qui a participé à la rédaction de
l’ouvrage, Jana Horváthová estime que le livre en soi témoigne des
préjugés liés aux Roms tchèques, des barrières qui existent des deux
côtés de la population :
« Ceci n’est qu’un fragment de la population rom qui a réussi son
intégration. Les gens érudits et intéressants qui ont réussi à se
faire valoir sont beaucoup plus nombreux. Mais ils n’ont pas tous voulu
participer à ce projet, parce qu’ils ne veulent pas forcément
manifester leur appartenance à leur ethnie en public, ou pour d’autres
raisons. De l’autre côté, la société majoritaire a souvent du mal à
accepter qu’il pourrait y avoir des gens brillants au sein de la
communauté rom, trop souvent associée à la pauvreté et l’exclusion.
C’est dommage, car c’est justement cette élite rom qui, si elle était
acceptée et écoutée, pourrait faire avancer le débat sur la
cohabitation entre des ethnies différentes en Tchéquie. »
Activiste pour les droits et la protection des Roms LGBT en République
tchèque, David Tišer figure parmi les personnalités qui se confient dans le livre. Il a par
ailleurs participé à l’organisation des célébrations de la Journée
internationale des Roms à Prague. Celles-ci ont duré plusieurs jours et
avaient au programme de nombreuses manifestations pour enfants sur le
thème du super-héros, un thème qui dépasse les questions raciales et
sociales. David Tišer :
« Etre un super-héros ne veut pas dire savoir voler ou avoir un talent
exceptionnel. C’est plutôt faire des choses ordinaires qui rendent la
vie plus agréable et manifestent notre intérêt pour autrui : céder sa
place aux autres dans les transports, être bienveillant avec les personnes
âgées… Nous avons voulu transmettre ce message aux enfants et aux
adultes. »
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