Rentrée 2017 : la dernière année de l’école maternelle désormais
obligatoire
Les vacances sont terminées. Environ 1,4 millions d’enfants tchèques
ont retrouvé les bancs de lécole ce lundi 4 septembre. Ils sont près de
108 000 à être accueillis, sourire aux lèvres, en première classe de
l’enseignement élémentaire. Comme chaque année, la rentrée 2017
apportera quelques nouveautés. Parmi elles, notamment l’entrée en
vigueur de la loi rendant la dernière année de l’école maternelle
obligatoire.
D’après cette nouvelle législation, tous les enfants tchèques âgés
de plus de cinq ans doivent passer au moins quatre heures chaque jour à
l’école maternelle. Le texte, élaboré par le ministère de
l’Education, concerne quelque 10 000 enfants et durcit également les
conditions de leur absence :
« J’ai été désagréablement surprise qu’il ne soit plus possible
de libérer l’enfant un ou deux jours par semaine ou par mois et de
partir par exemple en week-end prolongé », se plaint Lenka, mère d’une
petite fille qui vient d’intégrer la dernière année de l’école
maternelle. Nouvellement, les parents devront en effet présenter un mot
d’excuse justifiant dûment chaque absence. Les règles de ces
justifications seront définies par chaque école. Cependant, Ondřej
Andrys de l’Inspection scolaire tchèque précise :
« Les écoles maternelles n’auront pas le droit d’exiger un
certificat médical pour justifier chaque rhume ou chaque malaise. Cette
attitude ne serait pas légitime. »
La situation sera différente si un enfant est absent pendant longtemps ou
trop fréquemment. En cas de non justification de son absence par un
certificat médical, le parent de l’enfant concerné risque de se voir
infliger une amende.
Les nouvelles règles ne préoccupent toutefois pas seulement les parents
mais aussi les écoles qui s’attendent à une plus grande charge
administrative. C’est ce que confirme Beáta qui enseigne dans une école
maternelle pragoise :
« Puisque la dernière année de maternelle est obligatoire, en tant
qu’institutrice, je serai contrainte de contrôler et d’approuver les
absences de chaque enfant. »
L’objectif de cette mesure introduisant la scolarisation obligatoire
dès la dernière année de l’école maternelle est de favoriser
l’intégration des enfants issus d’un milieu social défavorisé au
système d’éducation. C’est aussi la raison pour laquelle tous les
enfants âgés de plus de cinq ans pourront désormais fréquenter
l’école maternelle gratuitement. Les familles vivant dans des localités
socialement exclues sont néanmoins les plus nombreuses à violer la
nouvelle législation. Selon les différentes estimations, plusieurs
centaines d’enfants concernés ne sont inscrits dans aucune école
maternelle.
Exactement un an s’est écoulé depuis l’entrée en vigueur de la loi
qui permet désormais aux élèves ayant des besoins spéciaux, qu’il
s’agisse d’enfants avec un handicap physique, mental ou social ou
d’enfants surdoués, de fréquenter des écoles « normales », tout en
bénéficiant de mesures de soutien gratuites. Même un an après, le
projet d’éducation dite inclusive, qui a par le passé suscité de
nombreuses controverses dans la société tchèque, continue à faire
l’objet de beaucoup de critiques.
Les opposants de l’inclusion scolaire, dont bénéficient cette année
seulement quelque 300 enfants, signalent notamment son coût élevé. Si
lors de l’année scolaire 2016-2017, l’Etat a consacré environ 589
millions de couronnes (22,6 millions d’euros) à cette fin, il s’agira
de 1,8 milliards de couronnes (69 millions d’euros) cette année et de
3,3 milliards de couronnes (126 millions d’euros) lors de l’année
scolaire 2018-2019. La porte-parole du ministère de l’Education, Jarmila
Balážová s’oppose néanmoins à cette dialectique en expliquant :
« Il faut souligner que l’inclusion scolaire concerne désormais
également des enfants surdoués, des enfants étrangers ou bilingues,
ainsi que des enfants défavorisés socialement et culturellement. Ces
enfants ne bénéficiaient auparavant d’aucun soutien. »
L’Association des pédagogues spéciaux critique, pour sa part, le
manque de qualification nécessaire d’enseignants et d’assistants
pédagogiques, ainsi que le peu de temps que ceux-ci peuvent consacrer aux
enfants avec des besoins spécifiques dans une classe d’une trentaine
d’élèves. Tous ces reproches sont néanmoins rejetés par le ministre
de l’Education, Stanislav Štěch, qui estime qu’il est « trop tôt
pour évaluer le projet de l’inclusion scolaire ».
Le début de la nouvelle année scolaire sera très probablement marqué
aussi par différents mouvements de protestation d’enseignants (cf.
http://radio.cz/fr/rubrique/faits/le-ras-le-bol-des-enseignants-tcheques-face-a-la-precarite-de-leur-situation).
Les professeurs tchèques, qui sont parmi les moins bien payés d’Europe,
demandent en effet au gouvernement d’augmenter le niveau de leurs
salaires à 130 % du montant du salaire moyen en République tchèque
d’ici à 2020, avec une revalorisation générale de 10 à 15 % pour tous
les employés du secteur de l’éducation dès le mois de novembre
prochain, un projet qui déplaît notamment au ministère des Finances.
Réunis vendredi dernier à la chapelle de Bethléem à Prague, les
syndicats enseignants ont donné à la coalition gouvernementale un
ultimatum : si celle-ci n’accepte pas leur demande, les enseignants
pourraient se mettre en grève.
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