A Plzeň, un terrain de parkour pour surmonter les barrières sociales
Mardi dernier, un terrain de parkour a été inauguré dans le centre de
Plzeň par Ponton, une association qui tend la main aux enfants issus de
milieux défavorisés. Ainsi, des dizaines de jeunes Roms ont pu
s’initier à ce sport venu de France et encore peu connu en République
tchèque, mais aussi au graffiti et au rap, tout cela en compagnie de
professionnels tchèques et d’artistes belges du collectif « Spray Can
Arts », invités en Bohême de l’Ouest dans le cadre du festival Bonjour
Plzeň.
Quelques minutes à peine après son ouverture, l’unique terrain de
parkour dans la région de Plzeň fourmille d’enfants qui sautent dans
tous les sens. Le terrain se trouve à deux pas de la place centrale de
Plzeň, au pied du pont qui enjambe la rivière de Mže. Il est situé à
proximité immédiate d’une école primaire, où siège l’ONG Ponton.
Cela fait vingt ans que cette association intervient, dans les villes de
Plzeň et de Příbram, en faveur des enfants et adolescents issus de
milieux défavorisés, pour la plupart d’origine rom. Chaque jour, ils
sont près d’une centaine à profiter des services sociaux et activités
de loisir proposées gratuitement par Ponton, parmi lesquelles le parkour.
Le directeur de l’ONG, Jakub Václavů, explique :
« Le parkour est une activité sportive qui me fascine. Pour le
pratiquer, il suffit d’avoir du courage et de bonnes chaussures, ce qui
convient tout à fait à nos clients. Rien que cela leur permet de
surmonter différents obstacles, ce qui est le principe du parkour. En
fait, il faut se déplacer aussi rapidement que possible d’un point A à
un point B et cela se fait d’une manière qui paraît absolument
incroyable pour l’amateur non initié que je suis. De façon générale,
nos enfants préfèrent les activités liées au mouvement et à la
musique. Nous organisons des concours de danse, nous avons une salle de
musique entièrement équipée où des musiciens débutants et des groupes
peuvent répéter, nous louons et mettons à la disposition des jeunes une
salle de gymnastique… »
Plasticien qui a réalisé, à proximité du terrain de parkour, une
fresque murale dessinée à la bombe, Jérémy fait partie d’un collectif
d’artistes liégeois spécialisés dans les arts urbains et invités en
République tchèque par l’Alliance française dans le cadre du festival
Bonjour Plzeň :
« On va réaliser un ensemble de typographies sur un fond noir, avec
juste trois couleurs : du blanc, du rouge et du bleu. C’est un hasard, il
n’y a aucun rapport avec l’Alliance française. Nous allons créer un
ensemble de mots symboliques et positifs, optimistes, par exemple Paix,
Rêve, Amour, Rire, Partage… »
Membre de cette même association intitulée « Spray Can Arts », Kaer,
le chanteur du groupe de rap Starflam, est un habitué des grands concerts.
Accompagné du DJ Eb Kaïto, Kaer s’est produit à Plzeň devant un petit
public rom, réceptif et enthousiaste malgré la barrière de la langue. On
l’écoute :
« Avec l’association Spray Can Arts, dont je suis le co-fondateur, nous
sommes allés dans des foyers de jeunes, nous sommes allés à la rencontre
des jeunes et adultes dans les prisons, nous avons aussi circulé dans des
écoles, nous avons joué devant de petites classes… Pour moi, c’est
une école de la scène. Cela permet de chercher en soi la capacité à
donner le maximum, même s’il n’y a pas beaucoup de monde. C’est
même plus difficile que de jouer devant 5 000 ou 10 000 personnes, ce qui
nous arrive très régulièrement. C’est un vrai plaisir que de jouer
devant un public comme celui-ci, car c’est un art qui vient justement
d’une énergie. C’est un challenge ! On fait de la musique et c’est
génial. »
Dans la matinée, vous avez animé un atelier destiné aux élèves d’un
collège pragois. Peut-on apprendre les bases du rap en une heure ?
« La première chose que l’on fait, c’est l’identification de la
musique. On identifie aussi le texte, la rime, la longueur, les textes
étant assez longs. Tout cela, ils le connaissent déjà. Le but est
d’avancer progressivement, en faisant des exercices : il faut trouver,
dans ce cas-là en français, des mots qui riment ensemble, faire des
phrases à partir de ces mots, compléter, faire participer toute la classe
à ce travail. A la fin de la session, on a de quoi faire un couplet ou
peut-être une chanson. J’ai développé toute une pédagogie en
Belgique, où j’organise souvent ce genre d’ateliers. Ici, c’était
aussi un challenge, avec la barrière de la langue. Je suis étonné de la
qualité des cours de français dans ce pays, car les jeunes avec qui
j’ai travaillé n’ont fait aucune faute d’orthographe, je trouve
même qu’ils écrivent mieux que certains francophones natifs. Je vous
laisse maintenant, je vais jouer mon dernier morceau… »
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