Le nombre de ghettos en République tchèque augmente, la région
d’Ústí est la plus touchée
Quelque 115 000 personnes en République tchèque vivent actuellement dans
des ghettos. Jusqu’à un tiers de ces personnes se concentre dans la
région d’Ústí nad Labem, située dans le nord-ouest du pays. Telles
sont les conclusions d’un rapport du ministère des droits de l’Homme
préparé d’après une analyse des localités défavorisées du
ministère du Travail et des Affaires sociales, qui est discuté ce lundi
au sein du gouvernement.
Selon le rapport présenté au gouvernement par le ministre des droits de
l’Homme, Jiří Dienstbier, ce lundi lors d’une session décentralisée
dans la région d’Ústí, le nombre de ghettos a doublé en République
tchèque au cours des neuf dernières années. Ainsi, un peu plus de 600
localités socialement exclues existent actuellement dans le pays, le
nombre de leurs habitants ayant augmenté de 35 000 personnes. Selon ce
rapport, cette hausse du nombre de personnes vivant dans la pauvreté va de
pair avec un autre phénomène : les ghettos disparaissent des villes et se
déplacent dans les localités moins peuplées. Directeur de l’Agence
gouvernementale pour l’intégration sociale, Radek Jiránek explique :
« Les villes possèdent plus de moyens pour lutter contre la pauvreté et
l’exclusion sociale. Il y existe une structure de l’administration
publique et une autonomie plus développée, ainsi que des organisations à
but non-lucratif. Donc, de plus petites communes ont moins de forces et de
moyens pour lutter contre ce phénomène. Ainsi le problème diminue dans
les grandes villes et se déplace dans les petites villes et même dans les
petites communes. »
Ce n’est néanmoins pas le cas de la région d’Ústí qui, avec ses
près de 38 500 personnes vivant dans des ghettos souvent situés dans les
grandes villes, diffère du reste du pays. Sur les six villes tchèques les
plus touchées par la présence de zones d’exclusion sociale, quatre se
trouvent ainsi dans cette région. Même si le nombre de ces lieux, qui
s’élève aujourd’hui à 89, soit 15 % de toutes les localités
problématiques, n’a pas augmenté autant qu’ailleurs, la densité de
leur population est la plus élevée de toute la République tchèque, avec
471 habitants par localité contre une densité standard de 188 personnes.
Les ghettos de la région comprennent même des quartiers entiers, comme
c’est le cas de Chánov, Janov, Předlice ou Mojžíř.
D’après Jiří Dienstbier, il est désormais nécessaire de changer
cette situation en offrant aux régions problématiques des moyens d’aide
plus coordonnés, comme le fait déjà l’Agence gouvernementale pour
l’intégration sociale. Radek Jiránek poursuit :
« L’Agence pour l’intégration sociale a depuis sept ans déjà ce
que l’on appelle ‘une approche coordonnée aux localités socialement
exclues’. Nous aidons les communes pendant une période de trois ou
quatre ans au minimum à travailler sur l’intégration sociale et à
prendre des mesures qui concernent les problèmes les plus brûlants,
comme le logement, le travail, l’éducation, la sécurité, le
désendettement et d’autres. Ce ne sont néanmoins que des démarches
partielles, au niveau local. Les moyens d’aide devraient être
législatifs, méthodiques et systémiques. »
De plus, la cohabitation entre les habitants des communes et ceux des
zones défavorisées s’avère assez difficile. Le rapport résume ainsi
la revendication des villes et des communes qui demandent l’intégration
des personnes touchées à l’aide de la construction d’un nouveau type
de logement social moins cher ou avec la création d’un prêt sans
intérêts qui couvrirait les cautions pour le logement, des sommes souvent
trop élevés pour les personnes bénéficiant des prestations sociales.
Radek Jiránek :
« Ce type d’aide devrait être fixé par un cadre législatif afin que
le citoyen sache quels sont ses droits. Ainsi, après avoir rempli des
critères définis, le candidat pourrait alors prétendre à l’obtention
d’un logement social. Le deuxième aspect de l’aide devrait
s’orienter vers les communes. L’Etat devrait donner aux communes des
moyens financiers suffisants pour organiser ce type de logement social,
formé soit par la reconstruction des appartements en sa possession, soit
par la construction de nouveaux appartements. »
Les villes et les communes demandent également un renforcement des
mécanismes de contrôle des prestations sociales afin d’éviter
d’éventuels abus.
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