Intégration des Roms : le gouvernement a adopté la nouvelle stratégie
nationale
Le gouvernement a adopté, lundi, la nouvelle stratégie nationale
d’intégration des Roms pour les cinq prochaines années. Cet ensemble de
programmes d’inclusion sociale doit permettre aux Roms, dont le nombre en
République tchèque est estimé entre 250 000 et 300 000, d’accéder aux
mesures de droit commun, notamment en matière d’emploi, d’éducation,
de santé et de logement. L’adoption de cette stratégie permet ainsi au
gouvernement de remplir la condition fixée par l’Union européenne pour
prétendre aux subventions de celle-ci.
Inciter les Etats membres à adopter des mesures d’action positive pour
combler les écarts entre les Roms et le reste de la population est la
volonté de la Commission européenne depuis 2011 et la création d’un
cadre européen pour les stratégies nationales d’intégration des Roms,
minorité de 10 à 12 millions de membres en Europe. La République
tchèque, elle, possède une telle stratégie depuis la fin des années
1990, la dernière ayant porté sur la période 2010-2013, pour des
résultats très peu probants qui font d’ailleurs l’objet de critiques
régulières tant des institutions européennes que des ONG locales et
internationales.
Malgré les annonces officielles et la mise en place de différentes
politiques de soutien, la scolarisation des enfants rom, la discrimination
sur le marché du travail, objective selon de nombreuses ONG, et le
logement demeurent les principaux écueils à une meilleure intégration
des Roms en République tchèque. Le film très authentique et presque
documentaire « Je m’en sortirai » (« Cesta ven » en tchèque) du
réalisateur Petr Vaclav, récompensé samedi dernier du Lion du meilleur
film tchèque de l’année 2014 et qui raconte l’histoire d’un jeune
couple de Roms de Bohême du Nord qui prétend à une vie ordinaire, permet
d’ailleurs de se faire une idée très concrète de la situation actuelle
en République tchèque.
Dans la majorité des endroits du pays où vit une importante minorité
rom, l’inclusion sociale est un échec, ce que reconnaît d’ailleurs la
vice-ministre en charge des droits de l’homme, Martina Štěpánková :
« Le premier objectif de cette nouvelle stratégie est de renverser la
tendance négative dont nous sommes les témoins depuis plusieurs années,
à savoir l’enfoncement dans la pauvreté d’une partie de l’ensemble
de la population. Cette dégradation des conditions de vie s’accentue
encore plus au sein de la population rom. Sans même parler
d’amélioration, nous pourrions donc déjà considérer comme un grand
succès le fait d’éradiquer cette aggravation de la situation. »
Selon les informations disponibles sur le site Internet de la Commission
européenne, la République tchèque percevra 22 milliards d’euros de
subventions européennes pour la période 2014-2020, dont 16 milliards en
provenance du Fonds de développement régional et du Fonds social
européen (FSE). Un minimum de 22,1% de cette somme se doit d’être
consacré au FSE, en même temps qu’au moins 20% servira à financer
l’intégration sociale et la lutte contre la pauvreté. C’est donc
ainsi que devraient être subventionnées les mesures de soutien aux Roms
en République tchèque.
Plus concrètement, la stratégie tchèque vise notamment à lutter contre
le développement des localités défavorisées, environ dans lesquels vit
près d’un tiers de la population rom, soit environ 80 000 personnes. Le
nombre de ces ghettos est actuellement estimé à 400, soit une centaine de
plus qu’en 2007. Parmi les priorités du gouvernement figure également
une scolarisation plus importante, et ce dès la dernière année de
l’école maternelle et plus dans des écoles dites « spéciales »
destinés aux enfants possédant un léger retard mental.
|