Rassemblement anti-Roms et Pussy Riot : le week-end de la saint Venceslas a
été agité
Fête nationale aidant, le week-end écoulé en République tchèque a
été riche en rassemblements. Tandis que des milliers de croyants étaient
comme de tradition réunis à Stará Boleslav, samedi, lors de la messe
célébrée pour la saint Venceslas patron du peuple tchèque, un millier
de personnes ont manifesté, le lendemain, devant l’ambassade de Russie
contre l’emprisonnement des membres du groupe de punk-rock féministe
Pussy Riot. Si dans les deux cas, les participants se sont dispersés sans
qu’aucun incident n’ait été recensé, le bilan a été tout autre à
Ostrava. Un énième rassemblement anti-Roms a été le théâtre une fois
de plus de violents affrontements entre extrémistes de droite et
policiers.
Le scénario est désormais bien connu. Depuis plusieurs mois, quels que
soient les endroits où ils se tiennent en République tchèque, les
rassemblements anti-Roms dégénèrent en combats de rue. Celui
d’Ostrava, samedi, n’a donc pas dérogé à la règle.
En août dernier déjà, la cité industrielle de Moravie-Silésie,
troisième plus grande ville du pays, avait vu la haine se répandre dans
ses rues. A l’époque, la police avait empêché aux manifestants
l’accès à un centre d’hébergement dans lequel réside une importante
communauté rom. Les forces de l’ordre avaient alors procédé à une
soixantaine d’arrestations. Dix inculpations ont été prononcées
depuis, toutes au motif de violences contre agents de la fonction publique
et troubles de l’ordre public.
Cette fois, ce sont vingt-et-une personnes, parmi lesquelles des femmes et
des mineurs, qui ont été interpellées après un meeting organisé par le
Parti ouvrier. Un millier de sympathisants avaient répondu à l’appel,
avant que 500 d’entre eux, au cri de ralliement de « La Tchéquie aux
Tchèques », ne prennent la direction du centre d’hébergement. C’est
là qu’ils se sont heurtés aux policiers qui, après plusieurs dizaines
de minutes d’affrontements selon les témoins, sont parvenus à faire
refluer les manifestants jusqu’à la place.
Au-delà des faits, ce nouveau rassemblement confirme la tendance de ces
derniers mois, et même dernières années, sinon du renforcement du
sentiment anti-Roms, au moins de la tolérance de celui-ci par les
populations vivant dans des environnements sociaux sensibles.
Les rassemblements devant l’ambassade de Russie à Prague se multiplient
ces derniers temps. Au début du mois déjà, par un beau dimanche
après-midi ensoleillé, une centaine de personnes s’étaient déjà
réunies devant son siège afin de s’embrasser en même temps. Sous les
yeux d’une dizaine de policiers, les participants, homosexuels comme
hétérosexuels, entendaient ainsi manifester leur soutien aux homosexuels
vivant en Russie. En juin dernier sont entrées en vigueur deux lois
controversées interdisant toute propagande homosexuelle devant mineur et
réprimant les offenses aux sentiments religieux. Ces deux textes sont
vivement critiqués et dénoncées comme discriminatoires par les
défenseurs des droits de l’homme. Des rassemblements du même genre que
celui de Prague s’étaient également tenus dans d’autres capitales
européennes.
Samedi soir, un millier de personnes se sont rassemblées devant
l’ambassade de Russie afin de protester contre l’emprisonnement des
trois membres du groupe de punk-rock féministe Pussy Riot, trois jeunes
femmes condamnées pour « vandalisme motivé par la haine religieuse » en
2012 à la suite d’une exhibition jugée profanatoire dans une église
orthodoxe de Moscou. Les Pragois, qui ne manifestaient pas leur solidarité
pour la première fois, avaient organisé une fête de rue musicale avec le
slogan « Saint Venceslas, chasse les capitalistes et les fascistes ! »,
des paroles qui font référence au « Marie mère de Dieu, chasse Poutine
! » de Pussy Riot à l’origine de leur arrestation et dans laquelle le
groupe critiquait la collusion entre l’Eglise orthodoxe et l’Etat
russe. L’événement a été soutenu par l’initiative « Do it yourself
» (Fais-le toi-même) qui, depuis 2004, organise annuellement un carnaval
en se concentrant sur un sujet d’actualité. A noter toutefois que police
n’a pas permis que le défilé passe par le Château de Prague où les
manifestants se sont dispersés sans incidents.
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