Comité Helsinki : les droits de l’Homme continuent à se détériorer en
République tchèque
La situation des Roms en République tchèque est un sujet toujours
délicat. Amnesty International ou le Service de renseignement de
sécurité (BIS) ont averti à plusieurs reprises de la discrimination dont
ils sont les victimes dans le pays. Et plus récemment, le Comité Helsinki
tchèque a publié un rapport annuel sur le la question. On y lit que les
attaques, qu’elles soient verbales ou physiques, contre la communauté
rom sont de plus en plus nombreuses. D’autant plus que les sentiments
haineux à l’encontre des Roms ne seraient plus seulement l’apanage des
extrémistes.
Parallèlement à la Charte 77, le Comité Helsinki, organisation non
gouvernementale fondée en 1988, défend les droits de l’Homme et
surveille leurs éventuelles violations. Alors que les affrontements
violents entre des extrémistes anti-rom et la police se sont récemment
multipliés, le Comité a publié ce mardi un rapport soulevant le
problème du chômage, des conséquences négatives des réformes sociales,
de la hausse du nombre de sans-abri, ou encore de la discrimination dont
souffre la communauté rom. Selon les membres du Comité, l’attitude,
souvent qualifiée de passive des hommes politiques, serait également à
l’origine de la perception négative des Rom : une attitude passive
illustrée par l’absence de législation sur les logements sociaux. Anna
Šabatová, membre du Comité Helsinki, explique de quelle façon se
manifeste ce sentiment anti-rom, un sentiment qu’elle croit également
lier aux difficultés économiques et au sentiment d’impuissance face à
la crise que subit le monde politique tchèque. Anna Šabatová :
« Un élément important qu’il faut souligner et qui se passe depuis
plusieurs semaines et même plusieurs mois, ce sont les marches
répétitives dans certaines villes tchèques et même moraves, où le
Parti des ouvriers pour la justice sociale (DSSS) appelle à manifester. Or
certains habitants de ces villes se joignent à eux, même s’ils n’ont
aucun contact avec les organisateurs. La situation dans son ensemble se
détériore. Le degré de haine présent au sein de la société, de même
que la frustration, deux choses qui sont étroitement liées,
s’intensifient. La lecture de certains serveurs le montre bien avec
certaines discussions sur Internet, où surgissent des sentiments de haine
non seulement à l’encontre des Rom, des étrangers mais aussi à
l’encontre des personnes âgées. »
Chargée des droits de l’Homme au sein du gouvernement, Monika
Šimůnková, confirme cette aggravation du sentiment anti-rom, mais
affirme que des mesures ont bel et bien déjà été prises depuis
l’été. Monika Šimůnková :
« Dès le mois d’août de cette année, j’ai immédiatement
convoqué un groupe de travail afin de trouver une solution à ces émeutes
sociales, et auquel a également participé le nouveau ministre des
Affaires sociales du cabinet intérimaire. Nous avons défini huit points,
qui devraient être étudiés au niveau gouvernemental le plus rapidement
possible, afin que la situation ne se détériore pas davantage. Une de ces
mesures est la mise en place immédiate d’un système de logement social.
Et puis ce qui est important d’après moi, c’est de réfuter les mythes
et des rumeurs fausses concernant les Roms, qui circulent sur Internet, et
qui ont un grand potentiel pour accentuer le sentiment anti-rom. »
Si les progrès ne sont pas souvent mis en relief, Monika Šimůnková
souligne qu’il y en a, et ce notamment grâce à l’Agence pour
l’intégration sociale, qui opère déjà dans plusieurs localités. Anna
Šabatová énumère certains éléments qui pourraient contribuer à
améliorer la situation des Rom. Anna Šabatová :
« Je vois deux directions à prendre. D’une part, il faut améliorer
la politique sociale, les lois concernant les logements sociaux, augmenter
le salaire minimum, empêcher la discrimination, protéger les Rom contre
cette discrimination pour que l’on n’abuse pas d’eux, en les envoyant
dans des centres d’hébergement par exemple, et pour que les enfants
puissent aller normalement à l’école etc. La seconde direction
concernerait un changement d’attitude des partis politiques. »
Monika Šimůnková affirme que la priorité est de résoudre le problème
du logement social, une question qui devrait être abordée d’ici à
octobre. Selon le Comité Helsinki, des centres d’hébergements louent
des logements de très mauvaise qualité, souvent des chambres sans cuisine
ou sans installations sanitaires, mais dont le loyer est souvent supérieur
à la valeur locative du marché. Le manque de prise de position claire de
la part des hommes politiques face à ces problèmes participerait de la
prolifération des sentiments haineux.
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