L’égalité des chances à l’école : encore du chemin à parcourir
pour les enfants roms
La République tchèque est souvent l’objet de critiques, notamment de la
part de Bruxelles, quant aux discriminations dont est victime la
communauté rom. Un des points les plus sensibles reste le secteur de
l’éducation, toujours à la traine en matière d’égalité des
chances.
Si l’école devrait être un tremplin pour une meilleure insertion
sociale, ce n’est de loin pas toujours le cas en République tchèque, et
encore moins lorsqu’il s’agit d’enfants issus de la communauté rom.
Jeudi, une conférence à Prague a abordé la question de l’égalité des
chances des enfants en milieu scolaire et plus spécifiquement celle des
enfants roms qui se retrouvent encore trop fréquemment dans des écoles,
dites « spéciales », réservées aux enfants souffrant d’un handicap
mental léger. Leur nombre dans ces écoles est souvent proportionnellement
bien plus important que le nombre de citoyens tchèques d’origine rom
dans la société : il y aurait en effet 32 % à 35 % d’enfants rom en
école spéciale, tandis que l’ethnie rom ne représente que 1,4 à 2,8 %
de la population. Si selon la loi, tous les enfants sont égaux en droit en
termes d’accès à l’éducation, la réalité est tout autre, comme le
souligne la directrice de la Société tchèque pour l’éducation
inclusive Klára Laurenčíková :
« Il y a de nombreuses raisons qui expliquent pourquoi la réalité est
tout autre. D’un côté, il faut qu’à l’avenir on modifie la
formation des pédagogues, afin qu’ils soient mieux préparés à la
prise en charge individuelle des élèves. Il faut également changer le
système de financement, des services conseil afin que les écoles soient
soutenues, qu’elles disposent de psychologues qui travailleraient dans
les établissements et établiraient des diagnostics précis afin de savoir
ce dont tel ou tel enfant a besoin et pour que ceux-ci réussissent dans
leur parcours scolaire. »
La conférence de jeudi, rassemblant des représentants d’association,
d’ONG, d’écoles et du ministère de l’Education fait suite à un
rapport paru en juin dernier et issu du bureau du médiateur de la
République, qui tirait la sonnette d’alarme sur le problème des enfants
roms dans les écoles spéciales. L’ombudsman, Pavel Varvařovský
dénonçait alors une sorte d’automatisme dans l’orientation des
enfants roms vers ces écoles, sans raison valable, les personnes
responsables de la scolarisation de ces enfants confondant le retard mental
avec les problèmes réels d’enfants vivant dans des conditions
d’exclusion sociale.
A la base des changements nécessaires dans le système d’orientation,
il faudra s’appuyer sur une hausse des moyens financiers alloués au
secteur. Klára Laurenčíková se félicite pour sa part des promesses
faites par le ministère de l’Education :
« Nous faisons confiance au ministère pour que ses déclarations
n’aient pas seulement été des mots vidés de leur sens. Le ministère a
présenté plusieurs mesures allant dans le sens d’une refonte du
système. Le vice-ministre nous a signalé qu’il entendait changer le
système de financement des écoles au niveau régional, celui des écoles
primaires et des écoles maternelles de telle façon à ce qu’à
l’avenir, les enfants qui ont besoin de davantage de soutien, puissent
bénéficier d’un soutien financier. Il s’agirait de faire en sorte que
les écoles aient un soutien concret, que ce soit en matière
d’assistants scolaires, de soutien scolaire ou de matériel spécialisé.
Et pour cela il y a besoin d’argent. »
Des moyens financiers, mais aussi un changement des mentalités. Car de
nombreux pédagogues sont encore persuadés de la nécessité des «
écoles spéciales », alors que la Cour européenne des droits de
l’homme, basée à Strasbourg, avait déjà condamné la République
tchèque pour cette discrimination il y a cinq ans. Enfin, le changement
doit aussi venir des parents eux-mêmes, qui souvent approuvent le
placement de leurs enfants en école spéciale, souvent par habitude, ou
par défaut car ils n’y voient pas d’alternative.
|
|