Réactions tchèques aux attentats d’Oslo
Les attentats d’Oslo, qui ont coûté la vie, vendredi, à 93 personnes,
ont déclenché une vague d’émotion et de solidarité en République
tchèque. La presse tchèque s’interroge sur les causes et les
conséquences de cette agression et cite aussi certains passages du
manifeste de l’auteur des attentats dans lequel il est question de Prague
et de la Tchéquie.
Les événements tragiques d’Oslo ont changé l’image que nous nous
faisons en général du terrorisme et des terroristes. C’est ce que
constate la majorité des journaux tchèques. Selon le journal
Hospodářské noviny, l’Europe a perdu l’illusion de faire face
uniquement à un ennemi extérieur, c’est-à-dire à l’islamisme qui
chercherait à « liquider notre monde ». Et le commentateur du journal de
souligner que la brutalité inouïe de cette agression a fait resurgir une
vieille vérité : l’extrémisme est toujours dangereux quels qu’en
soient les aspects religieux, ethniques ou nationaux. Le journal Mladá
fronta Dnes remarque dans ce contexte que la tuerie d’Oslo est l’oeuvre
d’un jeune homme cultivé qui se réfère, sur son site Internet, à
Winston Churchill, aux philosophes moralistes anglais et au christianisme.
Quant au quotidien Lidové noviny, il s’étonne de la facilité et de
l’efficacité avec lesquelles le tueur a pu réaliser ses sinistres
intentions. Le journal compare Anders Behring Breivik à un autre
terroriste solitaire, l’Américain Timothy McVeigh, auteur de
l’attentat à la bombe contre un édifice d’Oklahoma city qui avait
fait 168 morts en avril 1995.
Les journaux commentent également le document qui circule actuellement
sur Internet et qui peut être considéré comme un manifeste par lequel
Anders Behring Breivik résume ses idées et explique certaines de ses
décisions. Selon le politologue Miroslav Mareš, spécialiste des
problèmes liés à l’extrémisme, dans ce document, il fait également
référence à la République tchèque :
« Si la version du document que j’ai lue peut être considérée comme
authentique, son auteur se réfère à certaines sources idéologiques
tchèques. Il présente par exemple les décrets du président Beneš et le
transfert des Allemands des Sudètes comme un exemple d’une possible
déportation des musulmans et des immigrants d’Europe. Dans certains
passages, il se réfère aussi aux paroles du président Václav Klaus qui
met en parallèle la politique de l’Union européenne et les pressions
soviétisantes. »
Et Miroslav Mareš d’ajouter que le document comprend également une
liste d’organisations anti-immigrationnistes et d’extrême droite qui
pourraient être ses alliés potentiels, dont l’organisation néo-nazie
tchèque Résistance nationale (Národní odpor) et le Parti national
(Národní strana) qui n’existe pratiquement plus. Miroslav Mareš :
« Il décrit également sa visite à Prague qu’il considérait comme
une ville où il pourrait facilement se procurer des armes. Il voulait
acheter la mitraillette AK-47 mais il n’a pas réussi et est reparti
bredouille. »
D’après la même source, Anders Behring Breivik décrit aussi dans son
manifeste son expérience négative avec les Roms chrétiens tchèques qui
constituent, à son avis, la majorité des criminels de Prague. Il donne
aussi son opinion sur la problématique des Roms et propose la déportation
de cette ethnie en Anatolie, ce qui pourrait, à son avis, éviter le
génocide des Roms.
|