Václav Klaus fait entendre sa différence sur la fermeture des ambassades tchèques
Retour aujourd’hui sur les restrictions budgétaires au ministère des
Affaires étrangères et les fermetures d’ambassades prévues dans
plusieurs pays. A ce sujet, le président Václav Klaus a fait entendre sa
différence lors de son discours adressé aux ambassadeurs tchèques
réunis à Prague depuis le début de semaine. De même que sur plusieurs
autres sujets.
Devant les diplomates réunis comme chaque année en période de rentrée,
le président de la République a prononcé un discours de politique
étrangère générale dans duquel il est, entre autres, revenu sur les
économies au sein du ministère des Affaires étrangères. Des
restrictions qui ont amené le ministre Karel Schwarzenberg à annoncer la
fermeture de cinq ambassades au Congo, au Vénézuela, au Kenya, au Yémen
et au Costa Rica. Pour sa part, le chef de l’Etat a estimé que «
l’Union européenne n’était plus ‘l’étranger’ au sens classique
du terme », et que, de ce fait, il serait plus judicieux de fermer des
représentations diplomatiques dans des petits Etats européens. Pour le
politologue Jiří Pehe, le point de vue du président est plutôt logique
:
« La République tchèque veut fermer plusieurs ambassades dans le monde,
et il semble logique de vouloir les fermer plutôt dans des pays où la
République tchèque n’a pas de liens commerciaux importants, où elle
n’exporte pas assez pour ne pas faire l’économie d’une
représentation. En outre, si l’on considère que l’UE est le foyer
commun des pays européens, il n’est finalement guère utile d’y
maintenir des représentations diplomatiques à tout prix. »
Des fermetures qui prendraient d’ailleurs leur sens dans l’optique des
nouvelles institutions européennes, telles que le Haut représentant de
l’UE pour les affaires étrangères, ou bien dans celle d’un
regroupement de représentations diplomatiques. En attendant, Václav Klaus
estime que la présence des ambassades tchèques dans l’état actuel des
choses n’est défendable que si la diplomatie économique est leur
priorité. Jiří Pehe :
« Bien sûr, les ambassades ne défendent pas uniquement une diplomatie
économique. Mais on pourrait argumenter que, dans le cadre de l’UE, les
autres fonctions pourraient être assurées par des ambassades qui auraient
à charge plusieurs autres pays, ou bien qu’il serait possible de
s’adresser aux ambassades d’autres pays de l’UE. Si l’on réduit le
problème à la simple question économique, je pense que le président a
raison : cela a un sens de garder des ambassades dans les pays où la
République tchèque a d’importants intérêts économiques. Par exemple,
cela n’aurait aucun sens de les fermer en Allemagne, en France ou au
Pays-Bas. »
En marge de ce discours aux diplomates tchèques, le président Klaus a
également emboîté le pas de son ministre des Affaires étrangères,
Karel Schwarzenberg, qui a critiqué la politique française d’expulsion
des Roms... Tout en ne souhaitant pas commenter les déclarations de son
chef de la diplomatie, il a néanmoins tenu à préciser qu’il
considérait ces expulsions comme « une politique irréfléchie » et que
tout le monde savait « (qu’il) (n’était) pas d'accord avec presque
tout ce que fait le président Nicolas Sarkozy ».
Une opposition au président français qui n’est pas, de loin, la
première dans l’histoire des relations entre les deux pays et qui
intervient alors que la France organise lundi un sommet réunissant
plusieurs pays européens sur l’immigration et la question rom en Europe.
Un sommet auquel la République tchèque n’a pas été conviée alors
qu’elle préside à l’heure actuelle la Décennie pour l’inclusion
des Roms - ce qui a déplu à Karel Schwarzenberg. Des points de vue
divergents qu’il aura d’ailleurs l’occasion de partager en direct ce
lundi même, puisqu’il effectuera sa première visite officielle en
France depuis sa récente prise de fonctions. Il devrait y rencontrer le
Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, et son
homologue français Bernard Kouchner pour un déjeuner de travail.
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