A Hodonín, la mémoire du génocide rom renaît peu à peu
C’est un nouveau pas vers la reconnaissance pleine et totale de
l’extermination des Roms pendant la Seconde Guerre mondiale. Dimanche,
une cérémonie du souvenir s’est déroulée à Hodonín, où a
également été inauguré un baraquement de l’ancien camp rom qui sert
désormais de lieu d’exposition.
Longtemps ignoré ou négligé, le génocide des Roms est depuis quelques
années enfin un sujet à part entière. Symboles de l’extermination des
Roms du Protectorat de Bohême-Moravie : les camps d’internement de Lety
en Bohême et de Hodonín en Moravie. Des symboles cibles de critiques
depuis de nombreuses années, puisqu’à Lety se trouve aujourd’hui
encore, à proximité, une porcherie et que Hodonín était jusqu’à
l’an dernier... un camp de vacances. C’était avant que le
propriétaire n’accepte de vendre le terrain au ministère de
l’Education.
Après des années d’immobilisme, c’est un vrai succès pour les
activistes roms qui bataillaient pour la reconnaissance de l’ancien camp
d’internement comme lieu de mémoire du génocide des Roms. A terme, le
site de Hodonín devrait devenir un mémorial et un centre éducatif.
« Dans tous les cas nous allons essayer de faire en sorte de réaliser ce
projet, et ce dans un délai raisonnable », explique Šimon Mastný, du
ministère de l’Education. Celui-ci devrait en effet faire savoir en
septembre si les 70 millions de couronnes prévues pour le mémorial ne
seront pas touchées par les coupes budgétaires prévues par le nouveau
gouvernement.
Une première étape de la transformation de Hodonín en lieu de mémoire
a toutefois déjà été franchie avec l’ouverture, dimanche, d’un
premier baraquement qui accueille déjà une exposition destinée notamment
aux plus jeunes :
« Aujourd’hui, l’Holocauste des Roms reste malheureusement une
question encore largement ignorée chez nous. Les enfants ne traitent
presque pas le sujet à l’école », regrette Jana Horváthová,
directrice du Musée de la culture rom à Brno.
Le baraquement rendu accessible au public est la seule trace encore
tangible du génocide des Roms, puisque tous les autres bâtiments
existants dans le pays ont été rasés, que ce soit à Lety ou à
Hodonín. Il est toutefois en mauvais état et a besoin d’être
restauré.
Au cours de la cérémonie du souvenir de dimanche, à laquelle ont
participé environ 80 personnes, dont des représentants de la communauté
juive, une grande croix a également été installée à l’endroit de
l’ancienne fosse commune.
Entre décembre 1942 et août 1943, environ 1 400 Roms ont été internés
dans le camp de Hodonín-Kunštát. Plus de 200 d’entre eux sont morts
sur place des suites de maladies, d’épuisement et de mauvais
traitements, les autres ont été déportés vers Auschwitz.
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