Tchavolo Schmitt : « Django Reinhardt, notre père spirituel »
Dans le cadre du festival de la culture rom qui se déroule toute cette
semaine à Prague, le guitariste de jazz manouche Tchavolo Schmitt,
originaire d’Alsace, donnait un concert mercredi, avec le Gypsy Swing
Trio venu des Pays-Bas. L’occasion de rencontrer un des grands noms du
jazz manouche français.
« Je m’appelle Tchavolo Schmitt, je suis né le 22 octobre 1954 à
Paris, XXe. Voilà ! »
Vous êtes né à Paris, mais vous êtes originaire d’Alsace...
« Oui, mes racines sont en Alsace. »
Où se trouve une grande communauté rom...
« Oui, il y a beaucoup de gens du voyage, de musiciens... »
Pourquoi êtes-vous revenu en Alsace à une certaine époque ?
« A cause de ma famille en fait. Je voulais les voir, ça me manquait. La
communauté est très soudée, main dans la main. Dans la musique, dans
tout. »
Il y a une grande communauté musicale de jazz manouche en Alsace. Les
auditeurs connaissent évidemment Bireli Lagrène présent à Prague l’an
dernier, Yorgui Loeffler, l’année d’avant. Cette année, c’est vous,
Tchavolo Schmitt, qui êtes l’invité du festival de la culture rom,
Khamoro. Qu’est-ce qui vous relie, vous tous, musiciens de jazz manouche
?
« C’est d’abord la musique et puis ce qu’on a à donner, de ce
qu’on peut donner. Quand on est invités quelque part, on se rencontre,
on se voit dans un pays, un autre jour dans un autre pays. C’est une
fraternité. »
Quand Bireli Lagrène et Yorgui Loeffler étaient là, ils se réclament
évidemment du grand Django Reinhardt. Est-ce aussi un héritage que vous
revendiquez ?
« On va dire qu’on ne peut pas aller au-delà de Django. C’est grâce
à lui qu’on joue. C’est ma mère qui m’a donné les premiers accords
à l’âge de six ans, mais il faut dire que Django y a participé aussi,
beaucoup. Comme tous les gens du voyage, les manouches musiciens, c’est
grâce à lui qu’on mange. Et on est fiers, car c’est notre père
spirituel. »
Vous dites que c’est votre mère qui vous a transmis la musique. Elle
était musicienne ?
« Oui, guitariste. Et mon père violoniste. »
Ca donnait quoi Tchavolo Schmitt qui fait ses premiers accords à six ans
?
« Oh la la, je ne m’en souviens plus ! »
Est-ce qu’il faut être rom pour faire du jazz manouche ? Je pense à
Thomas Dutronc, qui n’est pas rom, mais qui fait du jazz manouche...
« Thomas Dutronc, c’est le fils de Jacques Dutronc. Il n’est pas
manouche. Mais bon il en fait... Mais ce n’est pas obligatoire d’être
rom, bien sûr que non ! »
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Vous avez également collaboré avec le réalisateur Tony Gatlif qui a mis
à l’honneur et mieux faire connaître la musique manouche grâce à ses
films, pouvez-vous nous parler de cette expérience au cinéma ?
« Tony, je l’ai connu en 1992-1993. Il m’a demandé de participer au
film Latcho Drom, puis il est revenu huit ou dix ans après pour faire
Swing, et il m’a demandé de participer à nouveau. Mais je dis bien : je
ne suis pas un acteur, pas une star ! Je tourne comme ça, comme je sais,
mais pas plus. »
Cette expérience vous a plu, vous le referiez ?
« Oui, ça m’a plu, je le referais, avec Tony Gatlif ou un autre avec
plaisir. »
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