Paul Bueno - diacre roms qui accompagne les gens du voyage au pèlerinage
Déjà une semaine avant le pèlerinage du 24 et 25 mai les caravanes dans
lesquelles habitent et se déplacent les gens du voyage, envahissent toute la
ville de Saintes-Maries-de-la-Mer. En me promenant entre les nombreuses
caravanes j’en ai remarqué une qui portait l’inscription « Aumônerie ».
Poussée par la curiosité je suis rentrée et j’y ai trouvé le diacre rom Paul
Bueno qui était d’accord de faire une interview pour notre rédacttion et a
répondu avec une extrême gentillesse à toutes mes questions.
Depuis combien de temps êtes-vous diacre et est-ce que il y a en France
d’autres diacres ou prêtres voyageurs comme vous ?
« Je suis diacre depuis 1995, donc cela va bientôt faire quatorze ans. En
France il y a quatre prêtre voyageurs et on était trois diacres gitans des
gens du voyage. Malheureusement on en a perdu un cet hiver au mois de
novembre. Donc pour le moment on est plus que deux diacres gitans à
travailler. C’est dommage que l’on n’est pas plus nombreux.»
Est-ce que vous avez du faire un long chemin avant de devenir diacre ?
« Mon chemin pour devenir diacre était très compliqué. Bien avant de
rencontrer l’église je n’étais pas tout à fait un païen, mais la religion ne
m’intéressait pas beaucoup. Je suis d’origine d’un père espagnol
républicain, donc pour lui, tout ce qui était religieux ne rentrait pas dans
la maison. J’ai découvert le foie lorsque j’ai rencontré ma femme, ancienne
catéchiste, qui tenait à ce que l’on se marie à l’église. J’ai accepté et
c’est ainsi que j’ai découvert la foie. En quelques années, je suis rentré
au sein de l’Eglise. »
Est-ce que vous êtes un diacre sédentaire et avez-vous suivi des études
de théologie ?
« Je suis sédentaire mais il est vrai que par ma mission je voyage beaucoup.
J’habite à Montpellier mais je suis originaire de Perpignan. J’ai fait des
études de théologie et cela a été très difficile pour moi car la scolarité
n’est pas le point fort des Gitans. A quatorze ans on s’arrête et pour
continuer le chemin dans le diaconat il a fallu que je prenne des cours. Je
me suis retrouvé avec des gens à un niveau intellectuel très élevé et je
peux dire que je me suis senti moins que rien par rapport à eux. »
Pour combien de temps êtes-vous venu au pèlerinage ?
« Le pèlerinage commence le 19 mai et dure jusqu’au 25 du mois, mais je suis
venu à Saintes-Maries-de-la-Mer pour dix jours. On vient pour l’aumônerie
toujours deux jours avant le pèlerinage et on part deux jours après pour
laisser les lieux propres pour qu’il n’y ait pas de problèmes avec la
municipalité.
Quelle est la mission de l’aumônerie ?
« C’est une mission spécialisée pour les gens du voyage. En tant que Gitans
on n’est pas très bien accueilli dans les églises et il faut bien aussi que
la parole de Dieu soit portée à mes frères gitans. Il faut s’adapter au mode
de vie des gens du voyage, et à leur moyen de se déplacer. On les suit, pour
être avec eux aux milieux d’eux et pour que l’on soit ensemble à partager ce
pèlerinage. L’aumônerie est ici pour accompagner les pèlerins au cours du
pèlerinage qui dure pratiquement une semaine. Pendant cette semaine on
accompagne en caravanes toutes les familles qui sont sur le terrain pour
qu’elles aillent un moment de prière et de catéchisme pour les enfants, en
attendant les deux jours principaux qui sont les 24 et 25 mai. »
Qui travail au sein de l’aumônerie ?
« Il y a des prêtres et des religieuses de toutes sortes d’ordre, puis il y
a aussi beaucoup de laïques. Ils nous aident parce que sinon on y
arriverait pas. Mais je peux dire que chaque personne travaillant au sein
de l’aumônerie donne un coup de main précieux.»
Comment se déroule le pèlerinage au cours de la journée et le soir?
« Il y a pas mal de chose qui se passent. Pendant la journée qui est un
petit peu éparpillé, il y a du catéchisme pour les enfants, des rencontres
pour les adultes et les familles qui partagent les moments de joie. Par
exemple aujourd’hui (le 23 mai 2009) on a célébré le baptême d’un enfant
d’un an. Il y a aussi des gens qui profitent du pèlerinage pour se voir une
fois par an. Pour ce qui est des veillées, il y en a cinq jusqu’au 24 mai
et chaque veillée à un thème. Par exemple hier soir c’était la veillée sur
les défunts, ensuite il y a une veillée sur le pardon, une veillée sur le
baptême, enfin chaque jour le sujet est différent. Dans l’église il y a
toujours le prêtre qui officie, puis il y a les témoignages des laïques et
des voyageurs. Quand un diacre est disponible, un service a lieu. Ce sont
des célébrations dirigées par un prêtre mais il y a beaucoup de gens du
voyage qui par leur témoignages et leur manière de vivre apportent aussi
quelques choses de nouveau. »
Traduit par Jaroslava Gregorová
Rétour
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