Film documentaire sur la stérilisation involontaire des femmes roms en
République tchèque
La stérilisation involontaire est un acte illégal et une violation des
droits de l’homme. Pourtant des dizaines de femmes roms en République
tchèque ont subi une stérilisation à leur insu. Ce fait a inspiré la
productrice canadienne Dana Wilson à tourner un film documentaire de trente
minutes à ce sujet. Le film Trial of a child denied (la Plainte de l’enfant
dénié) reflète l’histoire de trois femmes roms, Helena Balogová, Helena
Ferenčíková et Elena Gorolová, qui ont subi une stérilisation involontaire à
l’âge de 29, 19 et 21 ans. Interviewée par Jana Šustová, journaliste de la
rédaction rom de la Radio tchèque, Dana Wilson parle de son film et de ses
impressions pendant le tournage.
Pourquoi est-ce que vous avez choisi comme sujet de votre film
documentaire la stérilisation involontaire des femmes roms justement en
République tchèque ?
« D’abord il faut dire que j’ai travaillé pendant deux ans et demi comme
photographe pour The Prague Post. La stérilisation involontaire fait partie
des sujets qui m’ont toujours beaucoup intéressé, déjà parce que je suis une
femme. Pendant plusieurs années j’ai suivi différents cas de femmes roms
stérilisées à leur insu. Finalement j’avais envie de les rencontrer et de
parler avec elles. Par contre je voulais voir les deux revers de la
médaille, donc non seulement le point de vue des femmes roms, mais aussi
écouter l’opinion des médecins, de l’ombudsman et des infirmières. Je
voulais aussi montrer le mode de vie des femmes roms et de leurs familles.
Mon objectif était de rendre le film accessible pour les deux parties. »
Quelles sont vos impressions sur les femmes roms qui ont participé au
tournage ?
« Je peux dire que j’ai été très impressionnée par toute les trois. Surtout
comme elles parlaient librement de ce sujet sensible, non seulement dans le
cadre de leur communauté mais aussi sur le plan international. La
stérilisation involontaire fait partie des sujets dont les gens ne veulent
pas entendre parler. Ces femmes ont eu le courage de se lancer dans une
lutte difficile pour le respect de leurs droits et crier dans le monde
l’injustice dont elles ont été victime. L’une des femmes a par exemple eu
recours à la Cour suprême et Elena Gorolová voyage à travers le monde pour
parler de son cas. J’admire leur détermination, leur courage, leur souffle
vital et la force d’avoir engagé cette lutte qu’elles n’abandonnent pas.
C’est d’ailleurs ce qui m’a inspiré à faire mon film. »
Le film Trial of a child denied (la Plainte de l’enfant dénié) n’a pas
été projeté en République tchèque, excepté deux projections organisées par
les créateurs du film. Mail il a été presenté à l’étranger, n’est-ce pas ?
Le film est sorti à l’initiative du distributeur sur CNN International.
Pourtant lorsqu’il a entendu parler du sujet pour la première fois il
n’était pas très sûr du résultat. Mais quand il a vu le film pour la
première fois, il a été très satisfait et c’est pour cela qu’il l’a fait
passer sur CNN. D’ailleurs le film a ramassé une très bonne critique sur le
plan international. Mais bien sûr il y a aussi des critiques négatives qui
disent par exemple qu’en tant qu’étrangers on ne peut absolument pas évaluer
la situation en République tchèque. Il y a également des agressions verbales
racistes au sujet des Roms. Sinon on peut encore le voir sur RTP et online
sur YouTube où il est suivi de nombreux commentaires et le film a ses
propres pages Internet.
Dans le film on ne parle que le tchèque. Est-ce que ce n’est pas gênant
pour les étrangers ?
« A vrai dire non. En tout cas il n’y a pas eu de remarques. C’est un des
rares films où on ne parle pas l’anglais, il est effectivement entièrement
en tchèque, ce qui prouve incontestablement la qualité du contenu. Le film a
été déjà vu par près de 20 000 spectateurs du monde entier »
Est-ce que actuellement vous travaillez sur un autre film ?
« Oui, c’est un film documentaire sur une école maternelle se trouvant dans
le quartier Luník à Košice en Slovaquie. Luník est un des plus grands
ghettos en Europe de l’Est. C’est un endroit morne et sinistre. Des fenêtres
aux vitres brisées, des maisons sont délabrées et le sol est jonché de
déchets. »
Qu’est-ce qu’il y a de si spéciale à cette école maternelle ?
« L’école maternelle est une vraie merveille, un endroit magique au milieu
de cette horreur. De l’extérieur elle fait penser plus à une prison qu’à une
école parce que les fenêtres sont grillées, les murs extérieurs en acier et
la porte dans le hall également. Mais à l’intérieur c’est un endroit
magique. Les institutrices sont très patientes avec les élèves, elles les
apprennent le slovaque et à communiquer avec les autres enfants. Après trois
ans de fréquentation de l’école les enfants sont capables de s’intégrer dans
la société slovaque. D’après moi c’est exactement la voie à prendre au
niveau de l’éducation slovaque. Je pense que 95% d’enfants roms ont suivi
juste une éducation élémentaire. La population rom en Slovaquie de l’Est est
en croissance, donc c’est pour cela que je pense que l’importance de
l’éducation devrait être rehaussée dans les communautés roms. »
On se réjouit déjà de voir le prochain film documentaire de la productrice
canadienne Dana Wilson.
Pour regarder le film documentaire Trial of a child denied on YouTube –
cliquez ici.
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