Tomáš Bystrý, jeune journaliste et reporter rom de talent
Tomáš Bystrý est journaliste, présentateur et reporter rom, il a vingt
ans, et il a entre autres présenté des modèles pour la marque fictive
SKIN FASHION. Il commence à écrire dès l’école primaire où il fonde
un journal. Plus tard, il a travaillé pour la Radio rom Rota. Il a écrit
des articles pour la revue mensuelle de Prague 4, Tučňák (Le pingouin).
Il est aussi rédacteur du mensuel Romano vod’i, publié par
l’Association civique Romea.
Cette année vous avez passé votre baccalauréat au lycée Eliška
Krásnohorská à Prague, mais au cours de vos études vous avez suivi
pendant plus d’une année un cours sur les médias organisé dans le
cadre du projet « le Soutien des Roms à Prague » Est-ce que vous
pourriez nous dire quelques mots sur le projet et le cours sur les médias
?
« Si je ne me trompe pas, le projet a duré quatre ans et dans le cadre
de ce projet les différentes organisations portées sur la formation et
l’emploi des Roms ont organisé différents cours, que se soit des cours
de formation ou de reconversion professionnelle. Moi j’ai suivi le cours
organisé par l’Association civique Romea, c’était un cours sur les
médias qui avait pour objectif de former quelques jeunes Roms voulant
travailler dans les médias. Le cours m’a beaucoup apporté. Mais déjà
à l’école primaire, j’ai commencé à m’intéresser au travail dans
les médias. J’ai fondé un journal à l’école primaire et à quatorze
ans j’ai travaillé comme rédacteur externe à la Radio Rom sur
Internet, Rota. Ce cours a enrichi ma connaissance au niveau des médias et
dans le cadre des différents séminaires qui faisaient partie du cours,
j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens intéressants, que ce soit la
sociologue Jiřina Šiklová ou la journaliste Jarmila Balážová et
beaucoup d’autres personnes qui nous ont fait rentrer dans le crâne
toutes les choses utiles pour le métier de journaliste. Elles nous ont
appris ce qui nous sera utile dans la pratique en tant que journalistes. »
Qu’est ce que vous faites actuellement? Est-ce que vous travaillez dans
les médias ?
« Actuellement je coopère toujours avec la revue Romano vod’i, ce qui
un mensuel culturel, politique et social, publié par l’association
Romea. Il existe depuis sept ans et depuis 2005 j’ai ma rubrique Vue par
nos yeux (Amare jakenza) qui par l’intermédiaire d’enquêtes et de
petites interviews avec différents experts reflète l’opinion des
jeunes. J’écris des sujets relatifs à la jeunesse rom et non rom car
les activités, les loisirs, les peines et joies sont identiques autant
pour la jeunesse rom et non rom chez nous. »
Vous avez également présentez des modèles pour la marque SKIN FASHION.
En quoi cela consistait-il et de quoi s’agissait-il?
« C’est l’aboutissement d’un projet de quatre ans, «Soutien des
Roms à Prague ». Il s’agissait d’une campagne publicitaire dans le
cadre de laquelle on a choisi les quatre meilleurs diplômés des cours de
formation et de reconversion professionnelle. J’ai été l’un d’eux,
étant major de la promotion dans le cours sur les médias. L’objectif
était, par l’intermédiaire d’affiches d’une agence fictive de
mannequin créant des modèles de vêtements, d’attirer l’attention du
large public sur ce type d’activités et montrer qu’il existait aussi
des jeunes Roms qui ne sont pas seulement des parasites abusant des
prestations sociales, mais qui essaient de trouver leur place dans
différents domaines du marché de travail et qui s’intéressent à la
formation continue. »
Les parents de Tomáš sont bien évidemment Roms, sa mère est
réceptionniste dans une clinique privée, son père est chauffeur de taxi
et travaille aussi dans une maison de retraite. Tomáš a passé une
enfance exceptionnelle, très heureuse comme il nous l’a dit lui-même.
Sa famille était respectueuse des traditions Rom mais il faut préciser
que les traditions Rom diffèrent d’une famille à l’autre.
Est-ce que vous-même vous avez ressenti une aversion en raison de vos
origines et est-ce que vous vous êtes fait agresser ou insulter ?
« Tous ceux qui sont différent des autres, qu’il soit obèse, qu’il
ait les cheveux violets, ou une dizaine de piercings sur le visage, devient
le centre d’intérêt dans la rue ou dans le tram. Donc nous aussi, en
tant que Roms typés, ce qui est mon cas. Beaucoup de gens croient que je
suis Pakistanais. On est quotidiennement confrontés aux manifestations,
dans ce cas je ne dirais pas de racisme, mais de xénophobie. Lorsque je me
retrouve dans le tram ou dans le bus et que je vois que les petites
vieilles serrent leur sac sur la poitrine de peur que je pique leur
porte-monnaie, je trouve cela désagréable. D’autre part des fois je me
dis que c’est peut-être un préjugé, mais je crois que dans ce cas je
remarque bien que les dames deviennent plus attentive lorsque je monte dans
le tram. Je n’ai pas été victime d’agression, sauf une fois dans une
discothèque, trois petits jeunes plus ou moins de mon âge ont commencé
m’interpeller dans le genre : « Toi, Italien (dénomination pour les
Roms) repart dans ton pays. » Et là il a eu un accrochage. »
La rédactrice en chef de la section Rom de la Radio tchèque, Anna
Poláková, a été obligée d’émigrer au Canada car sa famille s’est
fait agressée et ne se sentait plus en sécurité en République tchèque.
Est-ce que vous avez l’impression que le racisme augmente en République
tchèque ?
« Je crois effectivement que l’extrémisme s’est accru ces derniers
mois. Cela est peut-être dû au fait que les partis extrémistes profitent
de l’instabilité gouvernementale, peut-être de la crise économique.
Néanmoins dans une société démocratique, au XXIe siècle, alors que
nous avons tous appris à l’école ce qu’était la Shoah, les gens en
République tchèque et dans le monde entier ne devraient pas manifester un
tel extrémisme. Les extrémistes sont très professionnels, ils ont
d’excellents juristes et ce ne sont plus seulement des jeunes de dix-huit
ans avec des matraques, en blousons en cuirs, mais il y a une vraie
idéologie et parmi les néonazis il y a des gens cultivés ce qui est
très dangereux. Je crois qu’actuellement on est vraiment témoins de
différents événements de ce genre, que ce soit l’incendie à Vítkov
et d’autres manifestations des extrémistes. Nous sommes témoins du fait
que l’extrémisme s’accroît et existe réellement. »
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