Drogues en Tchéquie : l'héroïne et la pervitine en déclin, au profit du
cannabis et de l'ecstasy
Quelque 300 millions de couronnes, soit 10 millions d'euros... telle est la
somme débloquée annuellement du budget de l'Etat tchèque pour le
financement de la politique anti-drogue. Est-elle efficace ? Oui, à en
croire les données qui figurent dans le récent rapport sur l'action
gouvernementale en la matière.
Selon le bilan élaboré par le Conseil gouvernemental pour la coordination
de la politique anti-drogue, le cabinet pourrait se féliciter d'avoir
rempli à 75% ses engagements fixés pour la période 2001-2004, au niveau de
la lutte et la prévention contre les stupéfiants. Le plan en question,
focalisé sur la sensibilisation du public à la problématique, la
prévention et le traitement des toxicomanes a mobilisé différentes
institutions d'Etat, y compris les autorités régionales. Quelques lacunes
ont été, en même temps, révélées, à savoir un manque de spécialistes
chargés uniquement de la lutte anti-drogue dans l'administration de
l'Etat, une activité insuffisante du ministère de l'Education nationale,
ou encore la nécessité de mettre un coup de projecteur sur les communautés
rom.
Passons aux chiffres : le nombre de toxicomanes, lui, ne change pas, il
varie autour de 30 000 personnes, les usagers d'héroïne étant actuellement
moins nombreux que les dépendants à la pervitine - une méthamphétamine
tristement connue, depuis les années 1980, comme une spécialité tchèque.
Une bonne nouvelle : l'âge moyen des usagers de drogues dures demeure
relativement élevé, 23 ans pour la pervitine et 25 ans pour l'héroïne.
Près de 60% des toxicomanes seraient en contact avec des centres
spécialisés, très souvent gérés par des ONG.
Si les Tchèques consomment peu de pervitine et d'héroïne, ce n'est pas le
cas du cannabis et de l'ecstasy, drogues de plus en plus faciles d'accès.
Plus de 43% des moins de 16 ans ont au moins une fois dans leur vie essayé
le cannabis et plus de 8% l'ecstasy, cette dernière ayant fait une
étonnante percée dans le pays, depuis dix ans. A noter également un nombre
croissant de fumeurs et notamment de jeunes fumeuses, ainsi que de
consommateurs d'alcool. Les bas prix des produits en question (dans les
bars, une "petite" bière revient moins chère qu'un verre d'eau)
n'y sont pas pour rien...
|