60 ans depuis l'holocauste rom à Auschwitz-Birkenau
Dans la nuit du 2 au 3 août, nous commémorons le 60e anniversaire de
l'holocauste rom au camp de concentration d'Auschwitz. Fin juin, des
journalistes de Radio Prague et dix-huit Roms dont les parents et proches
y ont trouvé la mort se sont rendus sur les lieux de la tragédie.
Le camp de concentration pour Rom a été créé en 1943 à Auschwitz II -
Birkenau. Au total 20 923 noms de prisonniers rom d'Europe ont figuré sur
les registres du camp. Ses prisonniers ont été marqués par des triangles
noirs en tant que personnes asociales. Les Roms mourraient vite à la suite
des conditions inhumaines, de la famine, des maladies et des sévices
corporels. Des femmes enceintes et les jumeaux ont été exposées aux
expériences monstrueuses du docteur Mengele. L'unique espoir de survivre -
des transports dans d'autres camps qui ont eu lieu en 1944, à l'approche
du front. Des personnes âgées et des mères avec enfants qui n'ont pas pu
subir le transport ont été, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, au nombre de
2 897, exterminées dans les chambres à gaz d'Auschwitz.
Antonin Lagrin, de Brno, qui a perdu presque toute sa famille à Birkenau,
a été parmi ceux qui sont venus allumer des bougies et prier pour ses
proches sur les lieux de la tragédie. Bien qu'il ait cru savoir tout sur
leurs destinées, une surprise l'y attendait:
"J'y ai trouvé une plaque où sont inscrits les noms de 50 membres de
ma famille. C'était une surprise pour moi, j'ignorais qu'ils étaient aussi
nombreux à y mourir...Je savais que c'était mon frère, mes cousins et mes
beaux-frères, les grands-parents de ma mère et ma tante, qui a succombé
aux coups de pieds des SS, essuyés pour avoir écarté la neige de sa tête,
après qu'elle était restée debout, pendant plusieurs heures, sur la place
d'appel. Pour mes parents, c'étaient des souvenirs douloureux. Il ne se
passait pas une semaine sans que le père ne nous parle d'Auschwitz ou de
Lety, il ne pouvait pas l'oublier..."
A Lety près de Pisek, en Bohême du sud, un camp de concentration rom se
trouvait, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il a servi pour le transit
des Roms tchèques, dont près de 350 sont morts directement dans ce camp,
sous les yeux de leurs gardiens tchèques. Le reste des prisonniers a été
transporté, en 1943, dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Durant la
guerre, plus de 5500 Roms, sur le total de 6000 vivant en Tchécoslovaquie
d'avant-guerre, ont été déportés à Auschwitz. 60 ans après la tragédie, un
mémorial honorable aux victimes rom fait toujours défaut à Lety. Une
porcherie industrielle occupe, depuis le début des années soixante-dix,
l'endroit même où se dressaient les baraquements des Roms déportés. Karel
Holomek, président de la Communauté des Roms en Moravie, reste pessimiste
quand à la suppression de la porcherie. Il se déclare pessimiste également
quand à la possibilité de dédommager les familles des victimes rom. Le
problème est que les critères de la loi sur le dédommagement sont très
durs. Il craint que sur 8000 demandes réunies, quelques dizaines seulement
soient réglées.
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