La situation des Roms après 1989
Après novembre 1989, la vie de la société tchèque a changé. C'est aussi la vie des Roms qui a changé. Une partie des Roms s'est mise à chercher son identité et à développer sa culture. Commencèrent alors à paraître des journaux roms, des oeuvres d'hommes de lettres roms. On a commencé à considérer les Roms comme une minorité ethnique authentique qui a le droit à l'éducation dans sa propre langue.
L'évolution d'après novembre a pourtant aussi son revers. Il s'agit avant tout d'un taux de chômage élevé des Roms (fruit de leur bas niveau de qualification et des préjugés de la part de certains employeurs, de la perte des précédentes certitudes sociales par lesquelles l'Etat socialiste s'assurait leur obéïssance (aussi bien que de toute la société tchèque) et d'une très grande augmentation de la violence physique contre les Roms.
La liberté acquise après la révolution de novembre changea aussi le statut de la minorité rom. Pour la première fois, les Roms ont acquis en Tchécoslovaquie le statut d'une minorité nationale ce qui leur a apporté l'octroi de droits spécifiques propres aux minorités nationales:
* droit à l'éducation dans leur langue maternelle
* droit de garantie de leur propre culture
droit de propagation et de réception d'informations dans leur langue maternelle
* droit d'utilisation de leur langue maternelle dans les rapports officiels
* droit de rassemblement selon le principe national
* droit de participation à la représentation des minorités en vue de la solution des affaires les concernant
Des organisations et des associations roms ont pu voir le jour après novembre 1989. Celles-ci n'existaient pas avant, sauf l'Union des Tsiganes-Roms, dans les années 1969-1973. Aux premières élections libres, le premier parti politique rom, Initiative civique rom, a présenté ses candidats pour le Parlement de la Fédération tchécoslovaque. Onze députés roms, représentants différents partis politiques, ont été élus au Parlement.
Après les élections suivantes, en 1992, un seul député, candidat du Bloc de gauche, représentait les Roms au Parlement. Au début de l'an 1994, plus de 30 associations, deux partis politiques et des mouvements politiques roms ont été inscrits au ministère de l'Intérieur. A mentionner l'Union démocratique des Roms, l'Initiative civique rom et l'Association civique pour la culture et la presse rom.
Ceci dit, aucune de ces organisations n'a encore assez d' influence sur la communauté rom pour pouvoir imposer les revendications et les intérêts nationaux des Roms. C'est que ces associations récemment nées n'ont pas une solide structure organisationnelle, car elles reposent sur des liens de famille. Leurs activités sont de surcroît marquées par des conflits entre les différentes personnalités du mouvement rom. Or, les Roms ne se prennent pas pour une communauté homogène. Ils sont divisés selon des clans familiaux.
C'est le Conseil chargé des minorités auprès du gouvernement de la République tchèqueT, organe consultatif du gouvernement sans compétence exécutive, qui a pour tâche de faire valoir les intérêts des minorités nationales, donc aussi de la minorité rom. Ce Conseil comprend, à côté des représentants des ministères, du Parlement et de la Chancellerie présidentielle, ceux des minorités nationales. Ils cherchent en commun à trouver des solutions à la politique nationale.
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