Printed 24.01.2021 20:56 16-06-2014 Alexis Rosenzweig
Une municipalité du nord de la République tchèque a reçu il y a
quelques mois un prix du Conseil de l'Europe pour ses initiatives
visant à intégrer la communauté rom locale, qui représente environ la
moitié de sa population. Sous l’impulsion de la maire et malgré les
difficultés de cette région industrielle, Obrnice, près de la frontière
allemande, a fait un effort important au cours des dernières années pour
améliorer la sécurité, l'éducation, l'emploi et les services
sociaux, dans un contexte national difficile.
Mais un véritable effort a été entrepris pour faire d’Obrnice un endroit plus agréable à vivre, et cet effort semble porter ses fruits. Deux assistants de prévention de la criminalité, Zdeněk Nistor et Milan Grundza, sont très vite prévenus par des adultes et viennent déloger les jeunes – poliment mais fermement - et ça marche, ils s’en vont, avec même un geste amical. Rémunérés grâce à une aide du ministère de l’Intérieur, Milan et Zdeněk apprécient leur job. Milan Grundza : « Oui, nous aimons ce travail. Nous parlons à beaucoup de monde tous les jours. Et je pense que les gens commencent à nous respecter. S’il se passe quelque chose, ils viennent nous voir. Ils pensent que nous sommes la police, à cause des uniformes, mais nous sommes seulement des assistants. » Zdeněk Nistor : « Au début, les gens ne nous respectaient pas vraiment. Mais ça a changé au fil du temps. En particulier chez les jeunes. A 19h30, on leur dit de rentrer à la maison, c'est la chose principale. Nous leur disons qu’à 15 ans ils ne doivent pas passer leur soirée à fumer devant l'école. Ce genre de choses. Et je pense qu'ils sentent qu'ils peuvent se tourner vers nous maintenant quand ils ont des problèmes. » Cette scène de la vie quotidienne avait un caractère assez exceptionnel : car Milan et Zdeněk sont Roms et les adolescents ne le sont pas. Pas vraiment ce que les Tchèques sont habitués à voir et à entendre à propos des Roms en marge de la société, dans un pays où les problèmes sociaux finissent souvent par être présentés comme des problèmes ethniques.
« L’histoire et l’économie de la région ont fait qu’il y avait ici un terreau favorable pour les conflits entre habitants, pour la criminalité, la prostitution et la drogue. Si vous ajoutez en plus les salles de jeux avec machines à sous, ce n’était pas un endroit agréable à vivre. » Quand elle a été élue il y a sept ans, Drahomira Miklošová (ODS) a voulu sortir sa commune de la spirale qui a transformé en véritables ghettos des dizaines de localités voisines. Grâce à la vente d’anciennes casernes militaires et aux fonds européens, elle a élaboré un plan détaillé pour améliorer la vie de ses administrés – d’abord la sécurité - Obrnice dispose désormais d'un système de vidéosurveillance, avec aussi Milan et Zdenek et deux autres assistants en patrouille. Mais également en faisant de priorités l'éducation, le logement, l'emploi et les services sociaux - tous ces domaines ont été gérés grâce à des programmes innovants. Avec succès, comme le prouve la reconnaissance par le Conseil de l'Europe et le prix Dosta.
La maire souligne que même après sept ans d’efforts pour revitaliser Obrnice il reste encore beaucoup à faire. Elle critique le manque de courage des politiciens au niveau national et regrette que la Cour constitutionnelle ait annulé un système, bénéfique à ses yeux, dans lequel les chômeurs étaient obligés de faire des travaux communautaires en échange de leurs prestations. Mais il y a eu des améliorations notables et contrairement à d’autres localités tchèques à forte population rom, il n’y a eu ici aucun défilé de néo-nazis, qui prétendent défendre la population blanche pour commettre des violences. Copyright © Radio Praha, 1996 - 2003 |