Article from http://www.romove.cz Printed 08.03.2021 02:46
Manifestations anti-rom : une guerre de rues entre extrémistes et
policiers 26-08-2013 Denisa Tomanová
De nouvelles manifestations anti-rom ont eu lieu ce samedi dans huit villes
tchèques, réunissant près de 2 500 activistes d’extrême-droite. La
police a réussi à contrôler cette situation délicate, même si au
total, près de 101 manifestants ont été arrêtés et 21 policiers ont
été blessés. Si la plupart des manifestations se sont déroulées dans
le calme, ce ne fut pas le cas dans la ville d’Ostrava, où la police a
dû maîtriser une foule agitée de 1 200 manifestants.
Des centaines de personnes se sont réunies ce samedi dans les villes de
Plzeň, Jičín, České Budějovice, Děčín, Duchcov, Varnsdorf, Brno et
Ostrava. Et c’est précisément dans la ville d’Ostrava, en
Moravie-Silésie, que les choses se sont gâtées, dans la mesure où des
extrémistes ont tenté d’accéder à une zone habitée par des membres
de la communauté rom, en déviant du parcours initialement prévu et en
scandant des paroles de haine. Il fallait ainsi se boucher les oreilles
pour ne pas entendre des phrases du type « Laissez nous nous battre avec
eux » (Pust’te nás na ně) ou encore le classique « La Tchéquie aux
Tchèques ». Des pierres, des dalles, des barres de fer sont devenus des
armes dans la main de certains de ces individus, dont les violences ont
conduit à l’hospitalisation de 21 policiers. Certains des manifestants
ont également été blessés dans les affrontements. Le chef de la police
morave et silésienne, Tomáš Kužel, s’est exprimé sur l’évolution
de la situation à Ostrava :
« Lorsque les manifestants se sont dispersés spontanément, la police
n’avait pas de raison d’intervenir, car ils n’avaient pas enfreint la
loi. Mais une fois que l’attaque s’est produite, nous avions désormais
une raison légale d’intervenir et c’est ce que l’on a fait. Des
délits de violence contre un agent public, des perturbations de l’ordre
public et des dommages corporels ont été constatés. »
Or les extrémistes n’ont pas été les seuls à manifester, car
plusieurs dizaines d’habitants non affiliés à des mouvements racistes
se sont joints à eux, exprimant leur mécontentement à l’égard de la
communauté rom, en se plaignant essentiellement du tapage nocturne. Les
manifestants d’extrême droite justifient ces marches, par le fait que,
selon eux, la plupart des Roms toucheraient des allocations sans pour
autant travailler. Mais il semble que leurs revendications soient
essentiellement basées sur la peur, comme en témoigne les paroles de ce
jeune manifestant néo-nazi de 19 ans :
« Si je dis à quelqu’un que je vais le tuer et qu’il ne me répond
pas, alors j’ai la certitude qu’il a peur de moi, et donc je vais
pouvoir me permettre autre chose. »
Parallèlement, des contre-manifestations ont eu lieu à divers endroits.
Comme dans le quartier de Vyšehrad à Prague, où la manifestation « Une
Marche contre les Tchèques » était organisée par une initiative
ironiquement appelé « Nous ne voulons pas de Tchèques en République
tchèque ». Il s’agissait d’attirer l’attention sur la fâcheuse
tendance de monter les Tchèques les uns contre les autres et de
s’insurger simplement contre le racisme, l’intolérance et, ce que
l’on peut appeler les « préjugés tchèques ». Lukáš Matoška, un
jeune participant de l’une de ces contre-manifestations, donne son point
de vue sur la situation :
« Ce qui se passe aujourd’hui dans les rues tchèques, et ce a à
plusieurs endroits du pays, ne fait qu’inciter à d’autres sentiments
haineux, et ne mène à absolument rien. »
Si certains spécialistes mettent en garde contre une nouvelle tactique
des extrémistes, qui se traduirait par une hausse du nombre de
manifestations à divers endroits, afin de disperser les forces de
l’ordre, la police ne sous-estime aucune information. A l’heure
actuelle seulement trois manifestants de la ville d’Ostrava sont
poursuivis par la justice et risquent une peine pouvant aller jusqu’à
six ans de prison. Les 62 autres personnes arrêtées ont toutes été
remises en liberté. Dans un climat de tension, il n’est pas possible de
dire que la République tchèque a vécu le pire, car de nouvelles
manifestations sont déjà en cours de préparation pour le mois de
septembre.
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