Article from http://www.romove.cz Printed 24.01.2021 19:05
Paris et Prague se fâchent sur la question des Roms 30-08-2010 Anne-Claire Veluire
Un nouvel incident est venu perturber les relations parfois tendues ces
dernières années entre les gouvernements français et tchèque. Samedi,
dans le quotidien Lidové Noviny, le chef de la diplomatie tchèque Karel
Schwarzenberg a condamné la politique française de renvoi des Roms en
Roumanie et en Bulgarie. Des critiques jugées malvenues par les
responsables politiques français.
D’habitude, c’est la République tchèque qui fait l’objet d’un
certain nombre de critiques françaises – des critiques mettant en doute
les capacités de la République tchèque à assumer la présidence de
l’Union européenne en 2009, ou encore, tout de suite après sa prise de
fonction à la tête de l’UE, sur sa gestion de la crise du gaz. A
plusieurs reprises, Karel Schwarzenberg, déjà ministre des Affaires
étrangères sous le deuxième gouvernement Topolánek, n’avait pas
hésité à riposter, en évoquant par exemple les intentions
électoralistes du président français quand celui-ci en appelait à la
relocalisation des usines automobiles Peugeot de la République tchèque en
France.
Cette fois-ci néanmoins, c’est le chef de la diplomatie tchèque qui a
en quelque sorte attaqué le premier. « La façon dont le président
Sarkozy expulse les citoyens roumains est contraire à l'esprit et aux
règles de l'UE […] On ne peut pas s'empêcher de soupçonner que des
points de vue racistes y jouent aussi un rôle », a-t-il déclaré ce
samedi dans les colonnes de Lidové Noviny, faisant donc référence aux
plusieurs milliers de Roms venus s’installer en France et renvoyés vers
la Bulgarie ou la Roumanie. L’ambassadeur français pour les Droits de
l’homme Francois Zimeray a immédiatement répliqué que la France
n’avait pas de leçons à recevoir d’un pays qui est plus mal placé
quant au respect des Droits de l’homme. C’est donc l’hôpital qui se
moque de la charité, ont jugé les responsables politiques français. Et
il est clair que la République tchèque est loin d’être un modèle en
ce qui concerne la situation des communautés roms dans le pays.
Habituée à recevoir de nombreux rapports négatifs de la part de
différentes organisations européennes et internationales, la diplomatie
tchèque a néanmoins peut-être estimé qu’elle avait également le
droit d’émettre des critiques sur les politiques de ses voisins
vis-à-vis des Roms.
Quoiqu’il en soit, le ministre tchèque des Affaires étrangère, Karel
Schwarzenberg, est revenu à la télévision publique tchèque sur ses
propos, jugeant qu’ils n’avaient pas été fidèlement retranscrits
dans le quotidien tchèque. Karel Schwarzenberg :
« J’ai seulement dit que, de l’extérieur, cela donne une impression
de racisme. Mais je ne l’ai pas accusé de racisme »
Une nuance pour apaiser la situation, mais le gouvernement tchèque reste
derrière son ministre. Le Premier ministre Petr Nečas a certes qualifié
de « hâtifs » les propos du ministre des Affaires étrangères mais il a
d’autre part critiqué l’arrogance de la France qui n’a invité ni la
Roumanie, ni la Bulgarie, ni la République tchèque, à une rencontre
informelle sur l’immigration entre différents ministres européens.
Karel Schwarzenberg :
« La société européenne n’est pas encore en mesure de traiter la
question des Roms. J’admets que c’est difficile, puisque de grosses
erreurs ont été faites depuis plusieurs générations. Je pense que les
Français sont conscients du fait que la question ne peut pas se régler si
facilement que l’expulsion aux frontières d’un Etat. »
La réunion ministérielle organisée par la France devrait se tenir lundi
prochain. D’après l’agenda du ministre tchèque des Affaires
étrangères, Karel Schwarzenberg devait effectuer le même jour une visite
de travail en France.
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