Nouveau rapport sur la violence à l'égard des Roms
L’ONG Amnesty International a choisi la Journée internationale des Roms,
le 8 avril, pour publier un rapport sur les violences et les
discriminations dont ces populations font toujours l’objet en Europe. Les
critiques visent principalement des pays comme la Grèce, la France mais
également la République tchèque. Dans ce dernier pays, où de nombreuses
manifestations visant la communauté rom ont eu lieu en 2013, les
autorités publiques et notamment la justice et la police sont accusées
d’adopter un comportement laxiste face aux attaques dont les Roms sont
les cibles.
« Quand je les ai vus [les manifestants anti-Roms], je me suis dit que
[…] c'était peut-être à ça que ça ressemblait sous Hitler. »
C’est par cette citation pour le moins dramatique recueillie par Amnesty
International et attribuée à un Rom répondant au nom de Michal que
débute la partie du rapport consacrée à la dénonciation des violences
racistes visant la communauté rom en République tchèque.
Il est largement fait référence aux manifestations survenues l’été
dernier dans la ville de České Budějovice et qui trouvent leurs origines
dans une simple dispute entre des parents roms et non-roms sur un terrain
de jeu pour enfants. Sont critiquées les insuffisances des autorités qui
peinent à trouver une réponse adéquate face à ces débordements de
violences. Directeur de l’Agence gouvernementale pour l’intégration
sociale, Martin Šimáček commente :
« Jusqu’à un certain point, ce que dit le rapport est juste. Il faut
dire qu’en République tchèque, les Roms font face à une grande
animosité. On le voit à partir d’enquêtes d’opinion : neuf Tchèques
sur dix n’aiment pas les Roms et se comportent en conséquence. Ainsi
cela se manifeste chez les extrémistes de droite qui continuent d’haïr
ouvertement les Roms et commettent des actes violents. Par ailleurs, on
voit, en rapport avec ces démonstrations, une amélioration du travail de
protection de la police sans égard à la minorité visée. »
Cette amélioration du travail de la police n’est pas particulièrement
mise en avant par le rapport d’Amnesty International et c’est ce qui
fâche quelque peu Jiří Pětioký du service de sécurité du ministère
de l’Intérieur :
« J’ai lu le rapport et je le trouve un peu trop dramatique. Non pas
que je veuille en sous-estimer les conclusions, mais je pense que la
situation n’est pas aussi catastrophique en République tchèque. Dans le
rapport, je trouve qu’il manque les points de vue de certains acteurs. Je
pense qu’il aurait été bon que soient rapportées également des
critiques émanant de la police ou du ministère de l’Intérieur. »
Après une relative période de répit, les villes tchèques devraient
être à nouveau le théâtre de défilés anti-rom. C’est ce que pense
en tout cas Martin Šimáček, car ces manifestations expriment d’abord
des problématiques sociales qu’il convient d’analyser et de tenter de
résoudre :
« Cela a un lien avec la stagnation économique, la crise, avec le manque
de solutions apportées aux problèmes d’exclusion sociale, avec la
dégradation des conditions de vie des minorités et avec le racisme latent
à l’encontre des minorités et plus particulièrement des Roms. Tout
cela explique la persistance de ces défilés anti-rom. Dans cette optique,
je pense que la police n’est pas le seul responsable qui aurait un réel
pouvoir pour influencer la situation. »
Martin Šimáček ajoute que comparée à certains pays européens et
notamment à la France, largement ciblée par le rapport d’Amnesty
International, la police
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