Vladimír Špidla sort un livre pour rapprocher les Tchèques de l’Union européenne
L’ex-Premier ministre tchèque et ancien commissaire européen à
l’emploi, aux affaires sociales et à l’égalité des chances Vladimír
Špidla (avec son assistante Magdaléna Frouzová) vient de publier un livre qui, avec légèreté, par des anecdotes
et des réflexions, retrace les quelques années de son mandat à
Bruxelles. Radio Prague lui a demandé ce qui l’avait poussé à coucher
sur le papier ses impressions.
« Parce qu’il y avait des expériences assez intéressantes. En
République tchèque, le débat sur l’Union européenne est assez sec,
sans humour. Donc par ce livre, j’essaye de changer un peu l’approche.
»
Maintenant que vous êtes rentré en République tchèque, depuis la fin
de votre mandat, comment entendez-vous poursuivre votre travail, dans votre
action politique cette fois ? Les Tchèques sont souvent perçus comme
étant eurosceptiques, comment entendez-vous faire en sorte qu’ils voient
l’Europe autrement ?
« C’est la base de mon action politique actuelle. Au sein du parti
social-démocrate, je suis porte-parole du ‘cabinet fantôme’ pour les
Affaires européennes. Je suis actif pour les prochaines élections
sénatoriales en République tchèque. A tous les niveaux, j’essaye
d’être actif et de développer une vraie idée européenne dans le pays.
»
Pourquoi pensez-vous que les Tchèques soient eurosceptiques ? Peut-on
mettre cela sur le compte de la méconnaissance ?
« Naturellement. Pour la population, c’est une question de manque de
connaissances. Parce que malheureusement, le journalisme tchèque est assez
restreint et très centré sur le territoire tchèque, avec peu
d’intérêt en dehors. C’est un problème. Il y a aussi un problème de
langues, même si les choses ont un peu changé. Et bien entendu, la droite
est assez réticente. C’est toutes ces raisons mélangées qui ont une
influence. Mais je dirais que de manière générale, les Tchèques ne sont
pas si eurosceptiques que cela. C’est plutôt mieux que la moyenne. »
Vous avez été commissaire européen de 2004 à février 2010, y a-t-il
des choses que vous regrettez de ne pas avoir pu terminer ?
« Naturellement, on regrette toujours beaucoup de choses. J’ai par
exemple ouvert l’année européenne de la lutte contre la pauvreté et je
vois qu’on a progressé, mais j’ai encore beaucoup d’idées pour
approfondir l’action politique. J’ai aussi contribué à élargir le
concept de non-discrimination. C’était aussi quelque chose de très
important pour moi et je regrette de n’être pas là. De même en ce qui
concerne les négociations avec la Serbie et les Balkans occidentaux :
j’avais une certaine influence, positive, je pense, parce que j’ai des
connaissances culturelles et diplomatiques dans cette région. C’était
des choses très intéressantes qui me manquent évidemment. »
Dans les futures renégociations du budget de l’UE, certains pays comme
la France veulent une baisse de celui-ci. Ne craignez-vous pas que ce soit
le social qui en pâtisse ?
« C’est un vrai danger. Et ce serait une erreur du côté français.
Mais évidemment la politique est compliquée. J’espère juste qu’on va
trouver des solutions solides. »
Pour finir, puisqu’on parle de la France et que l’actualité est
importante à ce niveau-là : la Commission européenne va probablement
lancer une procédure d’infraction contre la France en raison de ses
expulsions collectives de Roms. Quelle est votre position ?
« A l’époque, j’avais entamé le processus d’infraction par
rapport à l’Italie, c’est une chose similaire. Je pense qu’en
France, on mène ces mesures d’expulsion sans les individualiser. C’est
mauvais. Je ne connais évidemment pas les détails et la situation exacte.
Mais en général, quand on utilise des moyens collectifs, c’est mauvais.
»
C’est donc une bonne chose si cette procédure en infraction aboutit ?
« Oui, je suis d’accord. »
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